La Ville de Laval renouvelle sa confiance envers le Berger Blanc, qui remporte par défaut l’appel d’offres visant la gestion des services animaliers sur le territoire lavallois.
Les autorités municipales ont eu beau approché sept autres organisations susceptibles d’offrir le service, le fournisseur retenu fut le seul et unique soumissionnaire en lice.
Le Berger Blanc, qui exploite son refuge animalier au 914, rue Cunard dans le parc industriel Centre, est ainsi reconduit pour les trois prochaines années avec une option pour deux renouvellements en 2026 et 2027.
Imbroglio au contrat
D’une durée de trois ans, le contrat se chiffre à un peu plus de 5,1 millions de dollars, taxes incluses, soit 1,7 M$ par année selon la lecture qu’en faisait le chef d’Action Laval, Achille Cifelli, lors de son intervention au dernier conseil municipal. M. Cifelli n’a jamais été corrigé, pas plus d’ailleurs que son collègue David De Cotis qui estimait qu’un montant de «5,1 M$ sur trois ans» était chèrement payé.
Or, au sommaire décisionnel (SD) consulté par le Courrier Laval, on apprend qu’à pareille date l’an dernier, le conseil municipal avait reconduit pour l’année 2022 le contrat de services animaliers au Berger Blanc au coût de 1 131 354 $.
Appelé à réagir à cette hausse annuelle de 50 %, l’administration Boyer a rapidement corrigé le tir. «Les coûts pour la Ville seront moindres dans le cadre de ce nouveau contrat», écrit la conseillère aux affaires publiques, Myriam Legault, dans un échange de courriels le 15 décembre. Elle estime à 9 % la réduction des coûts en comparaison au contrat en vigueur.
«Le montant de 5 139 382,50 $ décrit au SD-2022-4447 est pour l’adjudication des services animaliers pour une durée de 3 ans avec 2 années de reconduction optionnelles, d’une durée d’un an chacune, pour un total de 5 ans». En clair, le coût annuel s’établit donc à 1 027 876,50 $, et ce, indépendamment que la Ville exerce ou pas ses options en 2026 et 2027, affirme la porte-parole de la Ville.
Enfin, pour ajouter à la confusion, la greffière-adjointe, Me Mélanie Gauthier, lisait ainsi le point 10.41 à l’ordre du jour de la séance du conseil municipal du 6 décembre: «Il est proposé d’adjuger le contrat DOS-1200 à Le Berger Blanc inc. pour la somme de 5 139 382,50 $ pour les services animaliers de la Ville de Laval pour une période de trois ans.»
Services jugés inadéquats
Avant le vote, la conseillère dans Marc-Aurèle-Fortin, Louise Lortie, s’est vivement opposée à la reconduction du contrat à ce fournisseur, jugeant inadéquate sa prestation de services.
Elle a cité deux exemples parmi plusieurs témoignages de citoyens insatisfaits, dont celui d’un voisin qui avait perdu son chien l’été dernier. Après avoir rapporté sa disparition au Berger Blanc, qui disait être sans nouvelle de l’animal, le jeune propriétaire se serait rendu au refuge animalier pour en avoir le cœur net. C’est là qu’il a retrouvé son chien dûment micropucé et portant au cou sa médaille municipale, a exposé l’élue de Parti Laval.
Autre exemple. Cet automne, un chat «micropucé avec deux médailles d’identification au cou» s’est noyé dans une piscine privée. La personne qui l’a repêché en a aussitôt avisé le Berger Blanc qui a disposé de l’animal. Aux dires de Mme Lortie, le refuge animalier n’aurait jamais signalé la mort du chat à son propriétaire. N’eut été de la présence d’esprit du bon samaritain qui a eu le réflexe d’en aviser le propriétaire, celui-ci serait toujours à la recherche de son animal.
Par deux fois, le Courrier Laval a sollicité une entrevue auprès des dirigeants du Berger Blanc afin qu’ils puissent réagir à ces allégations et livrer leur version des faits, sans succès. «La direction n’est pas disponible pour le moment», nous a-t-on courriellé la seconde fois.
La Ville satisfaite
Responsable du dossier au comité exécutif, la conseillère municipale dans Duvernay–Pont-Viau, Christine Poirier, a réitéré sa confiance envers le Berge Blanc.
«Des visites sont faites régulièrement par nos Services et des vétérinaires pour s’assurer du bien-être animal et de la conformité du respect du contrat», a-t-elle indiqué lors des échanges, ajoutant que les rapport produits par le Service de l’environnement et de l’écocitoyenneté à cet égard étaient «satisfaisants».
Elle répondait ainsi au conseiller de Saint-Bruno, David De Cotis, qui cherchait à savoir si la Ville effectue à l’occasion des visites impromptues au refuge. L’élu d’Action Laval rappelait alors «la mauvaise réputation» du Berger Blanc, dont les pratiques d’euthanasie avaient fait l’objet d’un reportage troublant à l’émission Enquête en 2011.
Revenant sur ce passé trouble, le maire Stéphane Boyer a indiqué que «le conseil d’administration a changé» depuis cette époque et que «la Ville fait des suivis rigoureux avec l’organisation régulièrement».
Puis, en réponse à Mme Lortie, M. Boyer a évoqué l’erreur de bonne foi, réaffirmant sa confiance quant à la gestion «professionnelle» des services animaliers confiés au Berger Blanc.
«Le maire Boyer et son équipe font de l’aveuglement volontaire dans ce dossier», déplorait par voie de communiqué deux jours plus tard la conseillère municipale de l’opposition. (voir autres textes)
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