Le premier ministre Justin Trudeau et les dirigeants de Moderna s’étaient donnés rendez-vous à Laval en ce premier lundi de novembre pour souligner la mise en chantier d’une usine de biofabrication dont la capacité de production sera de 100 millions de doses du vaccin à ARN messager (ARNm) par année.
L’usine est à s’implanter au quadrant nord-est des boulevards Notre-Dame et Armand-Frappier au cœur même de la Cité de la biotechnologie et de la santé humaine du Grand Montréal.
Fruit d’un partenariat stratégique à long terme entre le gouvernement fédéral et le géant pharmaceutique américain, cet investissement permettra d’assurer au pays la chaîne d’approvisionnement des vaccins contre la COVID-19, mais également contre la grippe saisonnière et d’autres maladies respiratoires, voire des vaccins pour lutter contre le cancer, ont déclaré Justin Trudeau et son ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.
«Laval et la grande région de Montréal seront au cœur de l’avenir des vaccins ARN messager qui pourront nous aider à sauver des vies et, évidemment, développer la prochaine génération de vaccins», s’est enflammé le ministre Champagne.
Centaines de millions de dollars
La biotech, qui demeure discrète sur le montant investi dans l’usine de Laval, se limite à parler de «plusieurs centaines de millions de dollars» en tenant compte des investissements qu’elle injectera en recherche et développement au pays, principalement dans la grande région de Montréal. À cet égard, un partenariat stratégique unit d’ailleurs Moderna à l’Université McGill, l’alma mater de son cofondateur et président Noubar Afeyan, également présent à Laval pour souligner la première pelletée de terre symbolique.
«C’est le début d’un grand écosystème [en recherche et développement]», a lancé François-Philippe Champagne en faisant valoir les maillages à venir qui feront «de Laval et de Montréal un chef de file mondial dans le domaine des vaccins».
Vitesse grand V
PDG de Moderna Canada, Patricia Gauthier a pour sa part souligné «la vitesse grand V» avec laquelle les choses ont déboulé.
Faut-il rappeler que c’est en août 2021 qu’Ottawa annonçait la signature d’un protocole d’entente avec Moderna pour la construction d’une installation de production de vaccins à ARNm à la fine pointe de la technologie au pays. Puis, en avril dernier, on apprenait que l’usine prendrait racine au Québec. Six mois plus tard, les travaux débutaient.
«On a acheté le terrain au début du mois d’août, a précisé en entrevue au Courrier Laval Mme Gauthier au terme du point de presse. On a eu le permis le 24 octobre et on creusait le lendemain.»
Lors de son allocution, elle trépignait d’impatience à l’idée «de puiser dans le bassin de talents scientifiques de la région du Grand Montréal pour pourvoir des emplois hautement qualifiés» au centre de production à Laval. En temps de non-pandémie, l’usine mettra au travail environ 75 personnes.
Au plus tôt, les travaux de construction de l’installation devraient se terminer à la fin 2024.
Terrain fertile
Le maire Stéphane Boyer, qui n’a pas manqué de saluer l’efficacité des équipes chargées de vérifier les plans et de délivrer les permis, a rappelé que Moderna devient le premier projet de la seconde phase d’expansion de la Cité de la biotech, qui regroupe plus de 100 entreprises et 5000 travailleurs.
«Laval est un terrain fertile pour l’innovation, dont les sciences de la vie», a-t-il réaffirmé, ajoutant que ce nouvel investissement n’est «pas juste un projet de développement économique», mais «aussi une façon de sécuriser la santé des Canadiens et Canadiennes pour des décennies à venir; un rempart contre de futures pandémies».
À ce propos, le ministre délégué à l’Économie et responsable de la région de Laval au sein du gouvernement Legault, Christopher Skeete, a indiqué que cette «production locale» allait «permettre d’accroître notre autonomie par rapport à l’approvisionnement mondial de vaccins» sans compter «les opportunité de développer ici le génie et le savoir-faire canadien et québécois au profit de la planète entière».