La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a critiqué la mise en place du Programme québécois de brossage supervisé des dents avec un dentifrice fluoré en service de garde éducatif à l’enfance et à l’école primaire qui a débuté le 6 octobre dans les écoles publiques de certaines régions.
Celle-ci estime que «le brossage de dents de leurs élèves ne relève pas de leur responsabilité».
«L’école n’est pas un fourre-tout, mentionne Mélanie Hébert, président de la FAE, par voie de communiqué. Bien sûr que, dans l’absolu, les enseignantes et enseignants souhaitent que leurs élèves adoptent de saines habitudes de vie, donc, par exemple, qu’ils se brossent les dents régulièrement afin d’éviter les caries. […] La question n’est pas là.»
Elle estime que «la mission de l’école, et par ricochet des enseignantes et enseignants, est d’instruire, de socialiser et de qualifier».
Mme Hébert dénonce d’ailleurs qu’il n’y avait pas de membre du personnel enseignant sur le comité qui a mis en œuvre ce programme qui ne prend pas en compte «les ressources insuffisantes» et «une charge de travail colossale».
Contraintes
Parmi les contraintes du programme, notons une demande du ministère de la Santé et des Services sociaux qui suggère de jeter les brosses à dents qui ont été partagées, sont entrées en contact l’une avec l’autre ou sont tombées par terre.
«Les personnes responsables de la supervision jetteront sûrement une grande partie des brosses à dents dès la première journée, ironise madame Hubert. Sans compter qu’il faudrait prévoir au moins de 30 à 45 minutes de plus par jour pour cette tâche… au détriment de quelle autre activité pédagogique?»
Le public défavorisé?
La FAE a d’ailleurs remarqué un passage du projet qui mentionne que «les inégalités sociales en matière de santé buccodentaire sont réelles et bien documentées».
«En effet, la carie dentaire se rencontre plus fréquemment chez les groupes moins favorisés sur le plan socioéconomique, peut-on lire dans le document du Ministère. Par conséquent, des efforts devront être investis en vue de mettre en place, dans un premier temps, ce programme dans les milieux moins favorisés sur le plan socioéconomique.»
«Ce faisant, le gouvernement admet de façon très claire que les élèves issus de milieux défavorisés sont concentrés dans les écoles publiques, ce que l’on dénonce depuis des années, note Mme Hubert. […] Le gouvernement reconnaît l’existence d’une école à trois vitesses. Et plutôt que de s’attaquer aux inégalités sociales et à la pauvreté, il choisit encore une fois de mettre un pansement sur le bobo.» (N.P.)