Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui assistera aujourd’hui au Sommet de l’habitation à Laval, joint sa voix aux Municipalités pour réclamer des solutions pérennes à la crise du logement, affirmant que le logement social est un levier incontournable à prioriser.
«Parce qu’il est sans but lucratif et subventionné par l’État, il sort le logement de la logique du profit [et] met les locataires à l’abri des dérives du marché privé en leur offrant un toit sécuritaire qu’ils sont capables de payer», rappelle par voie de communiqué Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Mais surtout, en étant de propriété collective, le logement social, qu’il soit coopératif, sans but lucratif ou public, demeure abordable indéfiniment».
Solutions innovantes
Parmi les solutions innovantes qui seront discutées au Sommet de l’habitation pour contrer les enjeux de rareté et d’inabordabilité du marché locatif, l’acquisition de logements locatifs encore abordables – pour les retirer du marché privé et les transférer à des organismes sans but lucratif ou coopératifs – et la construction de logements publics (HLM) seraient des réponses efficaces et pérennes à la crise du logement, soutient le FRAPRU qui prône ces mesures depuis des années.
«Pour réaliser de tels projets, ça prend un programme québécois adapté et suffisamment financé. Sans quoi, il sera impossible de renverser la vapeur et de répondre à la diversité des besoins croissants. Pas le choix d’investir massivement dans le logement social, et vite!», tranche Mme Laflamme en interpellant les gouvernements supérieurs.
«Considérant les limites fiscales auxquelles les Villes doivent faire face, elles ne pourront pas faire de miracles si Québec ne leur donne pas les moyens», souligne-t-elle.
Demandes
À 48 heures du déclenchement de élections, le FRAPRU dresse ainsi ses demandes aux formations politiques qui feront campagne au cours des cinq prochaines semaines :
- La réalisation de 50 000 logements sociaux, en 5 ans, autant par des coopératives, des OSBL que des offices d’habitation;
- Le financement de tous les logements sociaux déjà programmés depuis plusieurs années dans AccèsLogis, mais toujours attendus, malgré la promesse du gouvernement sortant (qui n’en a finalement livré que le tiers, précise-t-on);
- La mise en place d’une politique globale en habitation basée sur le droit au logement, le développement et la protection des logements sociaux et une meilleure protection des droits des locataires;
- Que les sommes investies dans le développement de l’habitation soient exclusivement réservées au logement social.
Situation critique
Pour le Front d’action populaire en réaménagement urbain, les locataires à faible et modeste revenus doivent être priorisés.
L’organisme «s’inquiète de la détérioration sans précédent de la situation du logement locatif au Québec : hausse rapide des loyers des logements disponibles, rareté critique de logements familiaux [3 chambres et plus], multiplication des stratagèmes frauduleux induites par la spéculation immobilière».
D’autant que le FRAPRU «constate l’appauvrissement tout aussi rapide des ménages locataires, de plus en plus nombreux à risque de se retrouver à la rue».
S’appuyant sur les dernières données disponibles de Statistiques Canada, le groupe de défense du droit au logement chiffre à près de 200 000 le nombre de ménages locataires québécois qui consacrent déjà la moitié ou plus de leur revenu pour se loger, soit bien au-delà de la norme de 30 % reconnue par la Société d’habitation du Québec.
Aux quelques 37 000 inscriptions sur les listes d’attente des Offices d’habitation pour un logement à loyer modique (HLM) s’ajoutent des milliers de ménages qui espèrent obtenir une place dans un OSBL ou en coopérative d’habitation, déplore le regroupement pour illustrer l’urgence d’agir.