Grâce à une enveloppe de 186 000$ provenant du ministère de l’Éducation, le Regroupement lavallois pour la réussite éducative (RLPRE) a pu soutenir 11 projets estivaux qui veulent prévenir la perte d’apprentissages scolaires pendant l’été, surnommée la glissade de l’été.
Menés par des acteurs communautaires, ces projets visent des groupes d’âge différents et sont tout à fait uniques.
Toutefois, ils ont tous un point commun, soit celui d’offrir aux jeunes des activités pédago-ludiques qui permettent leur développement sur les plans éducatifs, sociaux, physiques et affectifs.
Notons que plusieurs projets rejoignent les adolescents. En revanche, les stratégies pour travailler la littératie et numératie sont différentes de celles adoptées pour les enfants de 6 à 12 ans.
Présentement, le RLPRE mène des développements d’outillage pour le milieu communautaire, notamment avec Lire, ça se vit au camp!, qui s’opère tout l’été.
On fournit des boîtes de livres, revues et fiches d’activités aux animateurs de camps de jour qui ont suivi la formation sur l’animation d’ateliers de lecture.
Ces derniers sont aussi accompagnés par des médiateurs professionnels qui continueront jusqu’à la fin des camps à soutenir les animations autour de la lecture.
«Il faut toujours que cela se fasse dans le plaisir parce que les enfants veulent une pause de l’école, souligne Johanne Mc Millan, directrice du RLPRE. On apporte l’apprentissage en avant-plan sans que les jeunes s’en rendent trop compte. C’est comme si l’on mettait du brocoli dans la sauce à spaghetti.»
Problème non récent
En 2008, le Conseil supérieur de l’éducation avait émis un avis concernant la perte des apprentissages chez les enfants en bas âge.
«Il est d’autant plus important de faire des activités avec les plus jeunes, car la pédagogie de la lecture et de l’écriture est tout nouveau, fait remarquer Nathalie Chapleau, professeure au Département d’éducation et de formation spécialisées de l’UQAM. S’ils ne pratiquent pas leurs compétences, elles se perdent facilement.»
Le rapport du Conseil démontre également que d’autres matières, telles que les mathématiques et la science, sont touchées.
Malheureusement, le manque de pratique des nouveaux acquis peut causer jusqu’à un mois de retard sur les apprentissages au retour des vacances.
Pour les élèves en difficulté ou en milieu défavorisé, le phénomène engendrerait un retard de trois mois. Selon diverses études, cette inégalité serait occasionnée par le manque d’accès aux livres et activités culturelles.
Pour contrer ce déficit, de nombreux chercheurs ont tenté de proposer des programmes permettant aux enfants de continuer à solliciter les éléments qui sont travaillés en classe normalement.
«On n’est pas obligé de faire partie d’un programme de recherche pour y avoir accès, mentionne Nathalie Chapleau. Les bibliothèques municipales offrent depuis un certain temps une panoplie d’activités pour la lecture, l’écriture et travailler avec les chiffres.»
La chercheuse de l’UQAM précise que d’apprendre des comptines et compter l’argent à l’épicerie ne sont que quelques exemples qui favorisent le maintien des nouveaux acquis.
«Si le contexte demeure près de la réalité, l’enfant n’aura pas nécessairement l’impression de faire des apprentissages scolaires, mais plutôt de mettre en pratique ces compétences dans la vie de tous les jours.»
Le RLPRE a donc agit dans ce même ordre d’idée en créant la campagne Lire, ça se vit!, soit le mouvement mère de celui pour les camps.
Cette dernière propose des façons simples d’intégrer les concepts mathématiques à des jeux et activités du quotidien sur son site web.
Activités qui font la différence
Il y a deux ans, Nathalie Chapleau, avec plusieurs collègues, a mené une recherche pour connaître les éléments qui optimisent à garder les apprentissages.
Un premier groupe était des enfants d’un camp de jour qui était jumelé avec des orthopédagogues en formation et avait deux heures d’activités de littératie par semaine. Celui-ci a réussi à maintenir ce qu’il avait appris au début de l’été.
Un autre groupe n’avait pas d’intervention spécifique. Les parents devaient faire travailler leur petit à leur guise. Ces jeunes ont perdu une partie de leurs acquis depuis la fin de l’année scolaire.
Quant au troisième, des ateliers d’intervention dans un refuge animalier étaient leur moyen de travailler. Les jeunes lisaient aux chiens deux fois par semaine.
Ce groupe a le plus progressé, notamment dans l’identification des mots. «Certaines recherches en zoothérapie disent que l’animal est réconfortant et fait en sorte que l’enfant ne se sentira pas jugé, affirme Nathalie Chapleau. En tant qu’adultes, nous sommes portés à reprendre l’enfant et corriger les moindres erreurs.»
Aussi, cet été, une autre étude portera sur le phénomène de la glissade de l’été, mais dans un contexte différent que la dernière fois.
Des activités précises sont proposées aux parents d’enfants en milieux défavorisés afin de leur offrir un accès plus facile aux livres. Pour ce faire, les chercheurs collaborent avec plusieurs bibliothèques.
Un groupe travaillera à la maison tandis que le deuxième s’exercera dans les bibliothèques.
«On va voir si le fait d’être regroupés et d’avoir une animation pour un tiers parti est plus favorable, ou pas, explique la professeure. Il se peut que l’accompagnement des parents suffise.»