Tout laisser derrière, quitter la ville et se lancer dans un mode de vie nomade à bord d’un camion-plateforme écologique auquel est rattaché une roulotte de 30 pieds: voilà le défi que Guylaine Beauchemin et Stéphane Paquette se sont lancés il y a deux ans.
«Nous habitions au 21e étage du complexe Équinoxe dans Chomedey, précise Guylaine Beauchemin. Nous étions bien installés, mais j’avais besoin de respirer, de partir à l’aventure et de voir le monde.»
Après plusieurs mois de préparation, le duo a officiellement entamé son périple le 1er juin 2022. Le trajet débutait avec un arrêt en Abitibi-Témiscamingue pour y rencontrer des femmes provenant de peuples autochtones.
Au-delà de ce besoin de liberté, ce voyage a pour objectif d’offrir la possibilité à ces mêmes femmes de soumettre un projet sur la plateforme de sociofinancement Makers de rêves lancée par le couple afin de leur donner une chance dans le monde entrepreneurial.
«Beaucoup de femmes veulent émerger, mais elles n’ont pas les fonds nécessaires, poursuit Mme Beauchemin. Dans les réserves de l’Abitibi, plusieurs sont sur l’aide sociale et se transforment en entrepreneuses en vendant sur Marketplace. Elles trouvent un moyen de combler les fins de mois et certaines veulent le faire à temps plein.»
Le couple lavallois a ainsi créé l’OBNL Tournée en sociofinancement de l’entrepreneuriat qui permettra à ces femmes autochtones d’être guidées pendant 12 semaines pour préparer leur campagne, puis de mettre en place leur entreprise.
Un retour en Abitibi est prévu l’année suivante pour analyser la pérennité de l’entreprise créée.
«On veut faire une différence et avoir un impact social dans la société, assure Guylaine Beauchemin. Il y a beaucoup de projets qui sont là et qui veulent murir, mais ils ont besoin d’argent et de visibilité.»
Imprévus
Vivre la van life comporte son lot de défis. Les deux aventuriers l’ont rapidement appris à leurs dépens.
«On a acheté le véhicule d’un particulier au mois de février, explique l’entrepreneuse. Il y avait des réparations à effectuer dessus. On a mis 15 000$. Quand on a quitté Laval, il nous manquait encore des pièces. On avait un échéancier, donc on devait partir. Malheureusement, le camion est tombé en panne.»
Ils ont dû appeler un remorqueur qui leur a annoncé que le camion-remorque tombait en ruines. Cela les forçait à se lancer à la recherche d’un nouveau camion avec un moteur au diesel qu’ils convertiraient ensuite pour utiliser une propulsion à l’huile végétale.
«Nous avons aussi été cherché une palette de bouteilles d’eau chez un partenaire, ajoute Mme Beauchemin. Comme ça brassait beaucoup dans les Laurentides, les bouteilles sont toutes tombées. J’ai coupé la circulation et on a dû refaire toute la palette.»
Cette première journée de déplacement s’est finalement conclue à 4h le lendemain matin. D’autres pépins, tels qu’une infiltration d’eau dans la roulotte et une blessure à l’un de leur chien, ont aussi marqué les premiers jours du périple.
«Au début, on est là et on se demande si ça va arrêter de nous tomber sur la tête, mais, en même temps, on se dit que ça fait partie de l’aventure, soutient la Lavalloise. On propose une websérie qui s’appelle It’s AGO dans laquelle on filme notre parcours. Il faut donc avoir une certaine résilience et ça démontre notre vulnérabilité.»
Ouest canadien
Le périple du couple se poursuivra dans l’Ouest canadien vers la mi-septembre. Les aventuriers de l’île Jésus souhaitent ensuite descendre jusqu’au Texas, puis revenir en Ontario en passant par le sud-est des États-Unis. Ils entreprendront une seconde boucle pour évaluer les résultats l’année suivante.
Le duo prévoit également ajouter des panneaux solaires et moderniser la roulotte dans les prochaines semaines pour être complétement autonomes lors de leurs déplacements.
«Au lieu d’être dans les campings, on préfère se stationner dans des endroits agroalimentaires. Ça nous permettra de filmer les lieux de l’emplacement et d’encourager les gens du secteur pour les mois plus difficiles. On veut vraiment faire un impact social sur toute la ligne», complète Guylaine Beauchemin.