En ligne depuis 15 jours sur la plateforme change.org, une pétition cherche à faire pression sur les élus municipaux et provinciaux pour sauver le dernier grand milieu naturel de Fabreville, menacé par un important développement industriel.
Cette pétition électronique, qui avait recueilli plus de 930 signatures en date du 23 juin, a été lancée 48 heures suivant la dernière séance du conseil municipal où le maire Stéphane Boyer avouait son impuissance dans ce dossier.
«C’est un milieu humide qu’on aimerait protéger […] Malheureusement, le gouvernement du Québec, c’est lui qui a le dernier mot.»
Le maire Boyer répondait ainsi à Cornelia Garbe et Alexandre Choquet, respectivement directrice générale chez CANOPÉE – Le réseau des bois de Laval et biologiste au Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval. Ceux-ci déploraient «la destruction de ce milieu naturel» et demandait à la Ville «de mettre en réserve les lots visés par l’autorisation du MELCC pour pouvoir nous donner le temps de réfléchir collectivement à l’avenir de ce secteur d’intérêt».
Rappel des faits
Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatique (MELCC) délivrait, l’an dernier, un certificat d’autorisation (CA-22) pour l’implantation de deux industries au cœur même de l’écosystème de la forêt du ruisseau Barbe.
Le secteur se trouve à l’angle nord-est du carrefour autoroutier 440-13. Un milieu naturel boisé couvrant 31 hectares dont plus des deux tiers sont désignés «milieux humides d’intérêt» et protégés par la Ville.
Les projets autorisés impliquent de remblayer 33 % de ces milieux humides, soit une superficie de 6,8 hectares. Une perte nette équivalant à 10 terrains de soccer.
L’ironie du sort a voulu que le conseil municipal adopte ce soir-là, le 7 juin dernier, le Plan régional des milieux humides et hydriques (PRMHH) de la Ville de Laval et en autorise le dépôt au MELCC.
Il est prévu au PRMHH de protéger, entre autres, l’ensemble des 20 hectares des milieux humides précités tout comme le prévoient – depuis deux ans déjà – le Règlement de contrôle intérimaire (RCI) assurant la protection et la conservation des milieux humides d’intérêt sur le territoire et le Plan de conservation et de mise en valeur des milieux naturels, en vigueur depuis l’automne 2020.
«Ce n’est pas mon souhait. Personnellement, je l’aurais protégé, mais on ne peut pas renverser la décision de Québec», a indiqué, résigné, Stéphane Boyer, glissant au passage que la Ville avait été mise en demeure par le promoteur «de respecter la décision de Québec».
Pétition
C’est sous l’impulsion de Marc-André Lamothe, domicilié de la rue Jasmine jouxtant le boisé, que la pétition a été mise en ligne le 9 juin dernier.
En entrevue au Courrier Laval, il explique avoir emménagé dans le secteur l’année dernière en raison notamment de la proximité avec la nature. «C’est ce qui nous a attirés ici, dit-il. D’apprendre un an après qu’ils veulent tout raser ça, c’est assez désolant. On a décidé de prendre action; on voulait s’opposer à ça».
Rapidement, des voisins se sont mobilisés et ont créé le Comité de protection de l’écosystème du ruisseau Barbe. L’écosystème, qui abrite une érablière à sucre, est traversé d’est en ouest par ce cours d’eau dont la crue printanière s’étend sur près de 300 mètres à l’intérieur du boisé, jusqu’à de très grands marécages à haute valeur écologique, signalaient CANOPÉE et le CRE au moment de sonner l’alarme, le 31 mai dernier.
Pour M. Lamothe et son groupe, le temps presse, considérant que la période de nidification durant laquelle l’abattage d’arbres est interdit à Laval prendra fin au début du mois d’août.
«Toute personne qui se sent concernée par les enjeux environnementaux et qui comprend que les décisions actuelles auront un impact important sur notre qualité de vie, ainsi que celle des générations futures, devrait signer cette pétition», écrivait-il le 21 juin sur le site de change.org.