La mise sur pied d’un bureau de projet pour étudier l’implantation d’un mode structurant de transport dans l’axe de la ligne orange du métro, la confirmation d’un service rapide par bus (SRB) sur les boulevards Notre-Dame/de la Concorde et l’analyse d’un projet similaire sur le boulevard Saint-Martin ont suscité leur lot de réactions.
Outre le maire Stéphane Boyer qui a accueilli avec grand enthousiasme cette annonce du ministre des Transport, François Bonnardel, le 27 mai, la réaction la plus favorable est venue de Parti Laval. «Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour les Lavalloises et Lavallois, d’une bonne première étape, a indiqué par courriel le chef par intérim et conseiller de Fabreville, Claude Larochelle. Maintenant, le choix du mode de transport du prolongement de la ligne orange sera déterminant. Cela aura une importance capitale sur l’échéancier et sur les coûts.»
Évoquant le prolongement de la ligne bleue annoncée pour la première fois en 1979, il exhorte le gouvernement à ne pas attendre trop longtemps avant de procéder à la première pelletée de terre. «Des phases 2 et 3 de ces projets devront suivre dans un avenir rapproché. On pense notamment au prolongement vers l’ouest des deux SRB [dont les tracés s’arrêtent au boulevard Curé-Labelle]», note-t-il.
«Grands oubliés»
Également par voie de courrier électronique, le député libéral de Laval-des-Rapides, Saul Polo, dit se réjouir «en partie de cette demi-annonce» dont «les grands oubliés sont les citoyens de Pont-Viau et Duvernay».
«Il aurait été plus naturel de prolonger le projet de SRB sur l’axe Notre-Dame/Concorde jusqu’au quartier Saint-Vincent de Paul, compte tenu de la très grande densité de la population tant au sud [qu’au] nord de cet axe», précise le député de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale.
«De la poudre aux yeux»
Sur sa page Facebook, l’ex-chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Michel Trottier, aujourd’hui candidat libéral dans Sainte-Rose, se fait plus cynique. «L’annonce d’une «étude d’opportunité» à quatre mois des élections est pour moi de la poudre aux yeux et une tentative de sauvetage du manque d’investissement en transport collectif à Laval au cours des quatre dernières années.»
Défait à la mairie en novembre dernier, l’ex-leader de Parti Laval y voit «des solutions à la pièce sans vision [ni] planification à long terme». Il est également d’avis que «Laval mérite un réseau de transport collectif couvrant tout son territoire et pas juste des sections entre deux grandes artères», qu’«un lien rapide «est-ouest» doit relier Laval-Ouest à Saint-François et [que] plusieurs liens «nord-sud» sont nécessaires.»
Manque d’ambition
Réaction en demi-teinte du côté de Nicolas Lemire, ex-candidat indépendant à la mairie de Laval et nouveau président du conseil d’administration du Comité de citoyens pour des transports collectifs dans l’Est de Laval (CoCiTCEL).
Dans un long statut publié sur son blogue Facebook paslemairedelaval, il reconnaît d’emblée le caractère positif de cette annonce en matière de mobilité durable, laquelle «constitue en soi un bon point de départ, mais qui montre déjà des limitations», nuance-t-il.
Le jeune vingtenaire reproche, entre autres, «un manque d’ambition» aux projets annoncés. «La vision n’inclut pas dans l’immédiat un véritable lien est-ouest, connectant aussi bien Saint-François et Sainte-Dorothée que les quartiers centraux. On néglige des quartiers qui ont cruellement besoin d’une option rapide et performante de transport en commun», écrit-il.
Il aurait notamment souhaité que le prolongement du boulevard Saint-Martin vers l’est soit envisagé dans les plans et analyses en vue d’y implanter un service rapide par bus (SRB).
Notre-Dame/de la Concorde
Auteur du manifeste Tout est possible pour une transition socio-écologique à Laval – publié en 2021 – et dont la proposition-phare tenait en un réseau de tramway reliant les quartiers via les grands boulevards, Nicolas Lemire s’explique mal le projet SRB Notre-Dame/de la Concorde et son tracé d’«à peine six kilomètres» qui néglige de «rejoindre le pôle commercial de Sainte-Dorothée, le Centre Duvernay [et] le SRB Pie-IX». Le projet tel qu’annoncé se limite au tronçon compris entre les boulevards Curé-Labelle et des Laurentides.
«Si on doit créer un vrai lien structurant, performant, lourd, connecté aux quartiers, pensé pour l’avenir et accessible à davantage de gens, ça doit être Concorde-Notre-Dame. C’est cet axe qui devrait être l’axe est-ouest de transport le plus long, le plus performant et sur lequel on concentre nos investissements.»
À ses yeux, cette voie de circulation serait aussi mieux desservie par un tramway que par des voies réservées pour les bus, faisant valoir la pression qu’exercera dans les prochaines années la densification du territoire sur ce boulevard central déjà «très achalandé».
Incidemment, l’étudiant à la maîtrise en urbanisme avait fait du tramway le fer de lance de sa campagne électorale l’automne dernier, le Réseau express lavallois (REL) dont il rêvait traversait d’est en ouest l’île Jésus via les boulevards de la Concorde et Notre-Dame.
Prolonger le métro jusqu’à Bois-Franc
Par ailleurs, M. Lemire déplore le «flou» entourant une éventuelle liaison entre le métro et le Réseau express métropolitain (REM). «Il serait impensable de réaliser un nouvel axe structurant vers Côte-Vertu sans prolonger la ligne orange au moins jusqu’à Bois-Franc (et au REM) d’abord. Et ce, peu importe le mode choisi ensuite pour entrer dans Laval», soutient Nicolas Lemire.
Précisons ici que dans l’arrondissement Saint-Laurent, la station Bois-Franc, qui remplacera la gare de train du même nom, se trouve au carrefour du REM. Il s’agit de la dernière station avant la séparation du Réseau express métropolitain en trois antennes, soit vers l’aéroport Montréal-Trudeau, Sainte-Anne-de-Bellevue et Deux-Montagnes. «Pour moi, c’est un no-brainer qui aurait dû être clairement établi. On réduirait ainsi le nombre de correspondances en créant un grand pôle intermodal à Bois-Franc.»
Centre-ville oublié
Nicolas Lemire termine son analyse en s’attardant à la desserte du centre-ville.
«C’est l’endroit qu’on souhaite densifier le plus et c’est lui qu’on veut desservir de la manière la plus incohérente, déplore-t-il. L’axe nord-sud le long de Chomedey ne fait qu’effleurer le secteur {alors que] l’axe Saint-Martin le traverse d’est en ouest, tout en s’écartant des principaux générateurs de déplacement (Montmorency et le Carrefour Laval).»
Selon lui, il est impératif que le plan de transport en commun «offre un rabattement efficace des usagers sur les différentes portes d’entrée vers Montréal, tout en reconnectant les parties de notre centre-ville entre elles. Il faut desservir le Carrefour, de préférence en métro.»
La vision pour la mobilité collective doit se fondre à celle pour le développement et la densification du territoire, ajoute-t-il. «Là, je trouve qu’il y a une dissonance entre les deux», termine-t-il tout «en espérant que les axes proposés ne soient que des approximations, ou que les études à venir montrent l’importance d’aller chercher les équipements les plus structurants de manière efficace, avec le moins de correspondances possible».