L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) et l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA) déplorent le fait que seulement 50% des nourrissons au Québec ont accès au Programme québécois de dépistage de la surdité chez les nouveau-nés (PQDSN).
Il y a à peine plus d’un an, une motion unanime par l’Assemblée nationale fut adoptée, demandant le gouvernement de parachever son déploiement pour la fin de 2021.
Annoncé en grand en 2009, le PQDSN n’est toujours pas déployé près de 13 ans plus tard.
L’Ordre et l’Association estiment que ce retard est inexcusable, car il porterait préjudice et hypothèquerait le développement des enfants ayant une surdité non dépistée à la naissance.
Loin derrière
Présentement, en Colombie-Britannique et en Ontario, 97% et 94% respectivement des bébés de ces provinces sont dépistés à la naissance.
Selon les récentes données du ministère de la Santé et des Services sociaux, un peu plus de la moitié (53%) le sont au Québec.
«Ce bilan est gênant et inacceptable, d’autant qu’il s’agit d’un programme qui mise justement sur la prévention et la détection précoce devant permettre de pallier les problèmes, réagit Paul-André Gallant, président de l’OOAQ. Au fil des ans, ce sont des milliers d’enfants et leurs familles qui se sont vus privés des bénéfices de ce programme.»
De plus, plusieurs régions ne sont pas desservies. Certains parents attendent plusieurs mois pour obtenir un diagnostic ou se résoudre à aller au privé.
Impact
Plusieurs parents découvrent la surdité de leur enfant à l’âge de 2 ans et parfois plus tard parce qu’il présente certains retards de langage, faute de dépistage précoce.
«Le contact de l’enfant avec son environnement sonore est pourtant primordial, souligne Claire Moussel, directrice générale de l’AQEPA par voie de communiqué. Il lui permet d’acquérir la parole et le langage, mais aussi de développer ses habiletés sociales et d’assurer son plein développement cognitif et socioaffectif.»
Cette dernière explique qu’un enfant privé d’une source d’apprentissage importante peut entraîner des conséquences sur son parcours scolaire, sa vie sociale, son épanouissement personnel et son avenir.
La déficience auditive est le deuxième plus fréquent, avec le trouble visuel, chez les enfants de moins de 5 ans.
Également, plus de 90% des enfants naissant avec une surdité sont nés de parents entendants, qui ne soupçonnent donc pas cette possibilité.
L’OOAQ et l’AQEPA demandent donc que ces retards soient rattrapés le plus rapidement possible.
(J.B.)