Sans surprise, le maire Stéphane Boyer a essuyé les tirs croisés des deux groupes d’opposition en annonçant la construction du complexe aquatique au coût de 125 M$, soit le double des 61 millions de dollars prévus à l’origine.
«Mes collègues d’Action Laval et moi sommes sidérés», réagissait le jour de l’annonce le chef du parti et conseiller municipal dans Val-des-Arbres, Achille Cifelli. À l’heure où Laval manque d’infrastructures sportives et culturelles, ce gaspillage est désastreux».
Cette formation politique, qui a obtenu 24 % des suffrages et fait élire 5 candidats lors des dernières élections, affirme que «Stéphane Boyer préfère doubler le budget plutôt que d’admettre cet échec».
Même son de cloche du côté de Parti Laval, dont le chef intérimaire Claude Larochelle se questionne sur la volte-face de l’administration municipale.
«Qu’est-ce qui justifie que nous acceptions, en tant que Municipalité, de payer le double pour un projet pour lequel nous refusions de payer 50 % plus cher il y a de cela trois ans ?»
En septembre 2018, le comité exécutif avait annulé l’appel d’offres en raison du fait que la plus basse soumission dépassait de 46 % les coûts de construction budgétés. Ce qui aurait coûté à l’époque 90 M$ en coûte aujourd’hui 125 M$.
À cet égard, Stéphane Boyer persiste et signe. À l’époque, dit-il, à la lumière des informations dont la Ville disposait et des conditions de marché qui prévalaient, «c’était la meilleure décision à prendre».
Conseiller de Fabreville, M. Larochelle n’en démord pas: «La population lavalloise se fait avoir sur toute la ligne. Je suis gêné et scandalisé à la fois.»
Au prix de deux
Les deux partis s’entendent pour dire que pour le même prix, la Ville aurait pu se doter de deux installations de piscines intérieures dans les secteurs excentrés de l’île Jésus.
«Nos citoyens veulent des services et des infrastructures dans leur quartier, pas des projets avec des budgets pharaoniques et dont ils ne se serviront jamais», explique Isabelle Piché, conseillère municipale d’Action Laval dans Saint-François.
Élue dans le district Marc-Aurèle-Fortin sous la bannière de Parti Laval, Louise Lortie renchérit en déplorant qu’«un seul et unique complexe aquatique ne permettra pas de combler le manque de piscines intérieures publiques à Laval».
Revu à la baisse
Enfin, les deux groupes d’opposition ne manquent pas de mettre en lumière le fait que la Ville paiera 35 M$ de plus que ce qu’elle aurait déboursés en 2018, mais pour un projet moindre.
«Le projet maintenant évalué à 125 M$ n’offrira même pas les installations prévues originalement. C’est le cadeau empoisonné qu’a légué l’ex-maire Demers aux citoyens de Laval», déplore Action Laval.
«Dépenser aujourd’hui 125M$ pour un projet diminué est complètement déraisonnable et déconnecté», fustige quant à lui Claude Larochelle.
Rappelons qu’à la suite de l’annulation de l’appel d’offres en 2018, l’administration Demers-Boyer s’était employée à réévaluer le projet et revoir les plans, devis et cahier des charges afin d’en limiter les frais.
Pour le moment, le maire Boyer se limite à dire qu’outre quelques modifications, le projet demeure essentiellement le même. En clair, le complexe conserve le même design, les trois mêmes bassins avec une tour de 10 mètres et la même capacité d’accueil estimée à 875 baigneurs et 500 spectateurs. Le studio d’entraînement multifonctionnel et la salle de conditionnement physique y sont également maintenus.
Selon le conseiller d’Action Laval dans Saint-Bruno, David De Cotis, la Ville aurait, entre autres, renoncé au stationnement intérieur qui figurait dans les plans initiaux.
On en saura davantage le 1er février prochain lorsque le conseil municipal octroiera le contrat de conception-construction à l’entrepreneur choisi, dont on ignore pour l’instant l’identité.