Mise à jour: mercredi 2 décembre, 16h35
S’il n’en tenait qu’au chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, la conseillère de Sainte-Rose, Virginie Dufour, serait suspendue, sans solde, des différentes instances où elle agit à titre de représentante de la Ville jusqu’à ce que la lumière soit faite sur les allégations de financement politique illégale qui pèsent contre elle.
Rappelons que Mme Dufour, qui nie formellement les faits qui lui sont reprochés, s’est volontairement retirée lundi du caucus du Mouvement lavallois – Équipe Marc Demers et, avec solde, du comité exécutif de la ville «afin de concentrer tous ses efforts à rétablir sa réputation».
La teneur d’une conversation privée, enregistrée à l’insu de son ami et organisateur de campagne en 2013 et 2017, Normand Cusson, puis étalée sur la place publique en début de semaine laisse clairement entendre qu’elle lui aurait remboursé en argent comptant ses contributions politiques de 2018 et 2019.
Autres fonctions
«Si elle n’est plus au comité exécutif et ne siège plus au caucus, je ne vois pas comment elle peut représenter la Ville alors qu’une enquête est en cours. À notre avis, c’est un non-sens», affirme en entrevue Michel Trottier.
Il rappelle que Mme Dufour préside aux destinées du Comité consultatif en environnement (CCE) et siège au Comité consultatif d’urbanisme (CCU), à la Commission des transports, au Comité de la refonte des règlements d’urbanisme et au conseil d’administration de Tricentris en plus de représenter la ville de Laval à la Table de concertation régionale du Haut-Saint-Laurent – Grand Montréal.
L’objectif est d’«agir sur les nominations faites par conseil municipal», poursuit le chef de l’opposition.
Avis de proposition
À la reprise de l’assemblée d’hier ajournée à ce mercredi 16h, Michel Trottier déposera un avis de proposition relativement à l’éthique des membres du conseil.
Le libellé se lit comme suit: «Que tout membre du conseil qui est visé par des allégations de financement électoral illégal en vertu des articles 429 et 430 de la LERM [Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités], lesquelles sont soutenues par des faits et des témoins crédibles, et qui implique sa responsabilité directe, soit suspendu sans solde des comités, des commissions et des conseils d’administration paramunicipaux sur lesquels il siège, et ce, tant et aussi longtemps que sa non-responsabilité dans les agissements reprochés soit établie.»
«La proposition de M. Trottier est déraisonnable, réagit le porte-parole du cabinet du maire, Alexandre Banville, dans un échange de courriels. Ce qu’il propose serait un accroc à plusieurs principes de justice».
Il ajoute que «dans de telles circonstances, nous croyons que des gestes importants et clairs doivent être posés afin de préserver la confiance envers les institutions. Il est rarement de bon aloi d’agir unilatéralement avant même que les autorités compétentes se soient prononcées. En outre, de façon générale, il est d’usage que des personnes – non sanctionnées – conservent leur rémunération pendant qu’ils sont sous enquête. Dans le cas de Madame Dufour, nous croyons que sa réaction sans ambages témoigne de son respect des institutions».
Combattre le cynisme
Pour sa part, le Parti Laval justifie sa proposition par sa volonté de combattre le cynisme des électeurs à l’égard de la classe politique lavalloise.
Dans un communiqué publié hier soir, le chef de l’opposition officielle soulignait au passage le fait qu’un média rappelait il y a quelques jours «que le conseiller municipal et porte-parole du parti Action Laval en matière d’éthique, David De Cotis, figurait parmi la liste des élus visés par une enquête policière de l’Unité permanente anticorruption. Encore une fois, fondé ou non, cela n’aide en rien à la confiance du public envers les élus municipaux».
Appelé à réagir aux propos défendus par le chef de l’opposition, le conseiller de Saint-Bruno, David De Cotis, évoque la Charte canadienne des droits et libertés et la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en vertu desquelles «toute personne accusée d’une infraction a droit à la présomption d’innocence», souligne-t-il dans un courriel reçu un peu avant 16h.
«Toute allégation faite à l’endroit d’un élu doit faire l’objet d’une enquête en bonne et due forme par les autorités compétentes avant que des sanctions telles que celles suggérées par M. Trottier soient imposées. Il en va de la confiance du public envers le système. Nous devons laisser la justice suivre son cours», fait-il également valoir.
M. De Cotis ajoute que c’est plutôt «la politicaillerie à laquelle se prête M. Trottier qui mine la confiance des Lavalloises et des Lavallois envers l’administration municipale» en ce sens que cela «ouvre la voie à des campagnes de salissage», précise-t-il.
Quant à la principale intéressée, Virginie Dufour a réaffirmé en ouverture d’assemblée, hier soir, son innocence qu’elle clamait la veille. «Je n’ai jamais remboursé qui que ce soit pour du financement politique et je n’ai jamais participé à quelconque stratagème de financement illégal. Cela va à l’encontre de tous mes principes et de tout ce contre quoi je me suis battu depuis 2009», a-t-elle déclaré avant de conclure que ce serait sa «dernière intervention sur le sujet pendant le conseil» et qu’elle ne répondrait «à aucune question».