Le conseiller municipal de Saint-Bruno et ancien président de la Société de transport de Laval (STL), David De Cotis, s’en prend aux cinq élus qui siègent au conseil d’administration du transporteur public dont le président Éric Morasse, questionnant ouvertement leur leadership dans la gestion de la crise liée à la COVID-19.
«Que font-ils pour maintenir le service?, s’interroge-t-il par voie de communiqué, le 10 août, à la suite de la toute récente mise à pied de 25 chauffeurs nouvellement engagés. «Ils doivent faire plus que collecter leur salaire […] Ils sont là pour apporter des idées à la direction de la STL».
Couper ailleurs
Avant de réduire les services directs à la population, la STL devrait voir à alléger sa structure administrative, soutient en entrevue M. De Cotis, estimant qu’il y a là «beaucoup de gras à couper». Sous sa présidence, rappelle-t-il, un gel d’embauche avait d’ailleurs été imposé à l’ensemble des services à l’exception des chauffeurs.
Dans une note du 6 août adressée à ses quelque mille employés et dont le Courrier Laval a obtenu copie, le directeur général, Guy Picard, précise qu’«aucun employé dans les autres secteurs de la Société n’est touché par des réductions d’effectif».
L’ex-président de la STL déplore que l’organisme «coupe dans les services aux citoyens» alors que ceux-ci «paient 70 M$ par année à la STL» via la contribution annuelle que lui verse la Municipalité.
Éric Morasse réagit
Président du conseil d’administration et conseiller municipal de Saint-François, Éric Morasse réfute vivement les allégations de M. De Cotis, témoignant au contraire que «les membres du CA sont très proactifs».
Au sujet des mises à pied, elle étaient inévitables, dit-il, dans la mesure où le gouvernement et l’Agence régionale de transport métropolitain (ARTM) demandent à la STL de réduire de 5 % le niveau de service d’avant-COVID-19 pour la rentrée automnale.
«On ne peut pas payer des chauffeurs à rien faire», plaide-t-il, tout en précisant que ces 25 employés surnuméraires avaient été engagés au printemps en prévision de nouvelles dessertes alors projetées pour l’automne. Cela dit, il a bon espoir de les voir réembaucher en janvier prochain.
Quant aux autres postes dans la structure administrative, M. Morasse affirme qu’on ne saurait les réduire sans affecter directement la qualité du service. «Ce sont tous des employés en soutien et nécessaires aux opérations.»
Ces quelque 400 employés représentent 40 % des effectifs de la STL.
Maintenir les emplois
«Notre rôle en tant qu’administrateurs est de challenger l’administration pour couper le moins possible, poursuit le président. Il y avait différents scénarios sur la table et c’est le plan qui avait le moins de répercussions sur le service offert».
Adopté le 5 août dernier lors d’une séance extraordinaire du conseil, ce plan d’optimisation des ressources permettra une économie de 3,5 M$ d’ici 2022, ce qui demeure nettement insuffisant par rapport aux compressions budgétaires de 28 M$ attendues par l’ARTM sur deux ans.
À cet égard, M. Morasse fait valoir que de concert avec la Ville et les autres sociétés de transport, la STL poursuit ses efforts pour obtenir davantage de financement public pour compenser le manque à gagner en raison de la COVID-19.
«On fait des représentations auprès du gouvernement et de l’ARTM afin de minimiser ces coupes-là et maintenir le maximum de service.» Rappelons que Québec s’est engagé à rembourser 50 % des pertes de revenus de la STL qui, au pire de la crise, a vu les passages fondre de 85 %.
Aujourd’hui, l’achalandage est revenu à un niveau de 60 % de ce qu’il était avant que la pandémie ne plombe les finances de l’organisme.
Le budget annuel de la STL avoisine les 150 M$ dont 47 % est financé par la Ville.