«La Ville ne va pas exproprier des centres d’achats», lançait d’entrée de jeu Virginie Dufour en entrevue au Courrier Laval dans la foulée du lancement d’une démarche participative liée à la planification du centre-ville, en février dernier.
Responsable des dossiers d’urbanisme au comité exécutif, Mme Dufour commentait les principales intentions d‘aménagement visant le «secteur de l’Avenir», quadrilatère délimité par les boulevards de l’Avenir à l’est, Saint-Martin au nord, du Souvenir au sud et l’autoroute 15 à l’ouest.
Complètement développé, ce secteur hautement minéralisé est occupé par le Centre Laval, les Galeries Laval et un mail commercial dans sa partie nord-est, mais également par des cases de stationnement à perte de vue. L’année de ces constructions remonte respectivement à 1968, 1974 et 2000, soit bien avant l’inauguration de la station de métro Montmorency qui se trouve à deux pas.
Un tel équipement de transport collectif, on le sait, appelle un développement immobilier à haute densité, favorisant notamment la mobilité active, la mixité des usages dont l’habitation.
À preuve, depuis 2017, ce secteur «commercial» se trouve au cœur d’une zone franche très restreinte, libre de toutes contraintes en termes d’hauteur des bâtiments.
Initié par l’administration Demers, le présent exercice, en suspens depuis l’arrivée de la pandémie, s’inscrit dans la poursuite de la révision du schéma d’aménagement et de développement, adopté en 2017, et s’intègre dans l’actuelle refonte réglementaire qui bat son plein.
Écoquartier
À la page 98 du document préparé par le Service de l’urbanisme, voici la façon dont la Ville évoque sa vision d’avenir: «Transformé et revégétalisé, le secteur de l’Avenir devient un écoquartier compact et diversifié où nature et urbanité sont en symbiose.»
Au moyen de schémas, les deux pages suivantes illustrent un réseau de rues et de parcs mur à mur, conformément aux trois grandes orientations qui se sont dégagées des consultations publiques menées depuis 2014 en lien avec le centre-ville, à savoir «plus de rues, plus de verdure, plus d’ambiance», mentionne la Municipalité.
Potentiel énorme
«Cette vision claire va peut-être faciliter la démarche de ceux qui auraient un intérêt pour redévelopper leur terrain […] Le potentiel de redéveloppement est énorme», fait valoir Virginie Dufour, laissant entendre que la nouvelle réalité de l’industrie du commerce au détail amène, à Laval comme ailleurs, de grands propriétaires d’espaces commerciaux à réfléchir sur la façon de rentabiliser leur propriété.
D’autant que «les terrains ont pris beaucoup de valeur ces dernières années dans la région métropolitaine», enchaîne-t-elle, ajoutant que les aires de stationnement en surface «coûtent cher en taxes».
À la Ville, on indique que «les grands propriétaires fonciers n’ont pas encore été rencontrés», mais qu’ils devraient l’être au cours de l’été.
Le Courrier Laval a tenté, en vain, d’arracher une réaction aux Fonds de placement immobilier (FPI) Cominar, propriétaire exploitant du Centre Laval, et Fonds de solidarité FTQ, dont les Galeries Laval sont la propriété.
Nos courriels adressés au président et chef de la direction de FPI Cominar, Sylvain Cossette, sont demeurés sans réponse.
Quant au Fonds FTQ, le conseiller principal aux relations de presse et aux communications, Patrick McQuilken, s’est limité à ce commentaire: «Nous prendrons le temps d’analyser la proposition et nous ferons les représentations nécessaires en temps et lieu.»
Précisons que le Fonds de solidarité FTQ est un joueur incontournable dans le développement effervescent du centre-ville lavallois, cette société de capital-développement étant un partenaire clé des projets Espace Montmorency, Urbania 2 et District Concorde qui totalisent des investissements de plus de 800 M$.
Modèle
À Laval, le Quartier Saint-Martin est un bel exemple de requalification urbaine, alors qu’il était projeté au départ d’y implanter un Smartcenter sur le terrain voisinant le Walmart et le magasin de meubles Léon, rappelle Mme Dufour.
Situé au quadrant nord-ouest des boulevards Saint-Martin et Daniel-Johnson, le site du défunt Centre 2000 – laissé à l’abandon pendant 20 ans – est aujourd’hui un vaste chantier.
Deux cents millions (200 M$) y sont investis dans la construction de tours d’habitation, d’un hôtel et d’une résidence pour personnes âgées avec en son centre un parc municipal d’une superficie de plus de 50 000 pieds carrés que la Ville aménagera au coût de 800 000 $.
Consultations en suspens
À la fin de l’hiver, la crise sanitaire est venue déranger les plans, forçant la Ville à mettre en veilleuse son processus de consultation lancé en février.
Pour l’instant, on ignore toujours le moment où seront repris les ateliers participatifs et les audiences publiques, lesquels devaient se tenir respectivement en avril dernier et cet automne.
Selon le calendrier initial, la Ville prévoyait adopter un 1er projet de Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour son centre-ville à l’automne 2020, lequel aurait mené à l’adoption finale du PPU-centre-ville l’hiver prochain.