Le chef du caucus d’Action Laval, Michel Poissant, et le conseiller municipal de Marigot, Daniel Hébert, ont remis hier leur démission au chef et président intérimaire du parti, Achille Ciffeli.
Les deux hommes siégeront désormais à titre d’indépendant.
Cette double défection ajoute au malheur de la seconde opposition à l’hôtel de ville qui, depuis le 10 février, est toujours privée de trois de ses élus, David De Cotis (Saint-Bruno), Isabella Tassoni (Laval-des-Rapides) et Paolo Galati (Saint-Vincent-de-Paul) s’étant retirés du caucus alors qu’on apprenait qu’ils faisaient l’objet d’une enquête de la Commission municipale du Québec (CMQ) en lien avec leur Déclaration d’intérêts pécuniaires.
Jusqu’à nouvel ordre, la conseillère municipale de Chomedey, Aglaia Revelakis, se retrouve la seule élue au caucus du parti.
Motif
«La transparence et l’intégrité sont des valeurs non négociables», explique le conseiller municipal Michel Poissant dans un communiqué publié le 20 mai.
Son collègue Daniel Hébert remet également en question «la gestion et l’orientation politique du parti», ce qui rendait «difficile l’atteinte des objectifs qui guident mon engagement en politique», dit-il en évoquant des divergences au niveau des valeurs.
Ce malaise durait depuis quelques mois, précisent les deux élus qui avaient rejoint les rangs d’Action Laval en mars 2019 avec leurs collègues De Cotis, Galati et Tassoni, tous des transfuges du Mouvement lavallois – Équipe Marc Demers.
MM. Poissant et Hébert rappellent que leur adhésion à ce parti était motivée par le désir de «rompre avec les pratiques de gestion malsaines de l’administration Demers» et de «travailler avec une équipe à l’écoute des citoyens».
Aujourd’hui, poursuivent-il, la vision du parti ne leur permet plus d’accomplir leur travail dans le respect de leurs convictions.
Surprise totale
Pris de court, le chef intérimaire d’Action Laval a tenté en vain de les convaincre de rester.
«Je leur ai demandé de repousser leur annonce et de nous donner la chance de discuter, explique M. Cifelli en revenant sur l’appel conférence du 20 mai. J’ai passé 39 minutes au téléphone avec les deux, mais malheureusement la décision était déjà prise.»
«C’est la dernière chose à laquelle je m’attendais», enchaîne celui qui défend par ailleurs vigoureusement l’intégrité et la transparence du parti.
«Surpris et choqué» des propos tenus par Michel Poissant, Achille Cifelli insiste pour dire que ce dernier était «le chef du caucus, notre porte-parole et qu’il était impliqué dans toutes les décisions».
Chefferie
Celui qui assume la direction d’Action Laval depuis le départ de son chef-fondateur Jean-Claude Gobé au lendemain des élections de 2017 ne manque pas de souligner les ambitions que nourrissait Michel Poissant pour la chefferie du parti.
«Je savais que Michel Poissant voulait être couronné comme chef, mais je sais aussi qu’il y avait de la résistance dans notre équipe», indique le chef par intérim tout en se questionnant si la perspective d’une course à la direction plutôt qu’un couronnement ait pu infléchir sa décision de quitter le bateau.
Pour sa part, le principal intéressé assure que «ça n’a rien à voir» avec son départ, réaffirmant qu’il ne se reconnaissait plus au sein de cette formation politique.
S’il ne confirme rien pour l’instant, tout indique que M. Poissant créera sous peu son propre parti. «Je suis en mode écoute active», se limite-t-il à dire l’élu de Vimont qui dans son communiqué invite «les citoyens, sous-traitants et employés municipaux» à lui partager leurs idées «pour qu’ensemble, nous puissions bâtir une ville à notre image».
Tassoni et Galati de retour?
D’autre part, l’exécutif d’Action Laval se rencontrera ce soir (jeudi) pour décider du sort des conseillers Isabella Tassoni et Paolo Galati.
La semaine dernière, ces derniers ont exprimé le souhait de réintégrer le caucus dont ils s’étaient retirés il y a trois mois pour ne pas entraver le travail de leurs collègues alors qu’ils collaboraient avec la Commission municipale du Québec (CMQ) au sujet d’une enquête administrative les concernant.
«On me dit que l’enquête serait fermée. Si les documents le justifient, c’est sûr qu’ils seront réintégrés», mentionne le président intérimaire.
Quant à David De Cotis, également visé par la CMQ en plus de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), M. Cifelli a réitéré sa pleine confiance en l’élu de Saint-Bruno.
Cela dit, avant qu’il ne regagne le caucus, le parti «veut s’assurer que tout soit fait dans le bon ordre pour protéger l’intégrité de l’équipe».