Hier, le Saint-Martin Hôtel et Suites Laval fermait ses portes pour une période indéterminée.
La direction de l’établissement, situé à l’angle des boulevards Saint-Martin et Le Corbusier, en a fait l’annonce sur son site Internet.
Il s’agit d’une seconde fermeture en cinq jours dans le secteur hôtelier lavallois, provoquée par la pandémie de coronavirus.
Lundi dernier, le 16 mars, l’Auberge des Menus-Plaisirs dans le Vieux Sainte-Rose avait été la première à fermer boutique. «On est tombé à zéro, explique l’aubergiste et restaurateur Robert Décary. On n’a pas eu le choix de fermer.» C’est à regret qu’il a dû mettre temporairement à pied une quarantaine d’employés.
Jeudi, le directeur d’un hôtel d’une autre bannière confiait au Courrier Laval que son établissement était inoccupé à plus de 90 % et qu’une fermeture était fortement envisagée.
Une situation généralisée à travers le Québec, rappelle le vice-président de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, Sébastien Viau. Ce dernier en veut pour preuve des taux d’occupation hôtelière oscillant présentement entre 5 et 15 %. «C’est catastrophique», dit-il.
Une situation d’autant plus dramatique que Laval domine année après année le classement des 20 régions touristiques régionales avec une moyenne d’occupation annuelle excédant la barre des 80 %, soit plus de 20 points de pourcentage au-dessus de la moyenne provinciale.
Au secours des hôpitaux
Si la maladie associée au coronavirus est la cause de cette désertion, la COVID-19 pourrait permettre en contrepartie à certains hôteliers de diversifier leurs activités.
Incidemment, en cas de débordement, les hôtels de la province seront appelés à offrir des services d’hébergement pour alléger le réseau de la santé.
Dans la foulée de l’actuelle pandémie, certaines directions régionales de la Santé publique ont pris contact avec des établissements membres de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ) afin d’entamer des discussions en ce sens, a-t-on appris hier.
En clair, des cas mineurs et non infectieux seraient déplacés dans quelques hôtels situés à proximité des centres hospitaliers afin d’offrir des unités d’hospitalisation si le besoin s’en faisait sentir.
«Nos hôteliers se sont mobilisés et ont répondu à l’appel, car [ils] souhaitent contribuer à l’effort global, a déclaré le président-directeur général de l’AHQ, Xavier Gret. Il convient cependant de bien comprendre que nous n’avons aucune indication quant à prédire l’effort qui sera demandé à cet effet.»
Au besoin, les autorités sanitaires contacteront directement les hôteliers appelés à faire leur part et au fur à mesure que des ententes seront confirmées, la Santé publique prendra aussitôt en charge le protocole, précise-t-on.
Poids lourd
Poids lourd de l’économie québécoise avec ses 350 000 emplois et des retombées annuelles de 11 milliards de dollars, l’industrie touristique est le secteur le plus lourdement touché par la crise du coronavirus.
«100 % des entreprises d’attractions touristiques et 85 % des restaurants membres de Tourisme Laval sont fermés. Le Carrefour Laval a réduit ses heures d’ouverture et plusieurs boutiques et grandes bannières sont aussi fermées», énumère M. Viau dont l’organisme agit comme unique répondant pour le réseau des Associations touristiques régionales (ATR) et sectorielles.
«À Tourisme Laval, toutes les activités de promotion et de commercialisation ont été suspendues», ajoute-t-il.
La cellule de gestion de crise mise en place par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec travaille actuellement sur deux fronts.
En plus d’accompagner les partenaires de l’industrie à travers les différents programmes d’aide débloqués par les gouvernements, l’équipe s’affaire à préparer la relance en vue du jour où la crise sera passée.
À cet égard, bien que l’Alliance soit mandatée par le ministère du Tourisme pour vendre le Québec à l’international, son vice-président confie que les efforts de promotion pour réactiver rapidement la saison touristique, le temps venu, cibleront avant tout les Québécois.