Réunis en assemblée annuelle la semaine dernière à Laval, les quelque 450 délégués du Syndicat des Métallos ont pressé le gouvernement Legault d’implanter les mécanismes de prévention dans tous les milieux de travail.
Cet appel coïncide avec le projet de réforme du régime de santé et de sécurité du travail dont le dépôt est attendu en décembre.
Bilan meurtrier
«Il y a chaque année trois fois plus de décès des suites du travail que de victimes de meurtre», a dénoncé par voie de communiqué le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau.
En 2018, on a déploré la mort de 226 personnes liée aux accidents de travail et maladies professionnelles pendant que 83 personnes succombaient à un homicide, a-t-il étayé tout en reprochant à l’État d’avoir fait preuve de laxisme depuis 1979 en matière de santé et sécurité au travail.
«Ça suffit!»
«Ça suffit! Nous nous attendons à ce que le ministre du Travail y remédie dans sa réforme, poursuit le leader syndical non sans rappeler les statistiques à l’effet que les accidents et décès ont diminué là où les mécanismes de prévention sont appliqués depuis 40 ans. Ne ratons pas le bateau avec la prochaine réforme!»
Affilié à la FTQ, le plus important syndicat du secteur privé au Québec – avec plus de 60 000 membres issus de tous les secteurs économiques – souligne que seulement 11,6 % des travailleurs québécois bénéficient des quatre mécanismes de prévention prévus par la loi.
Un constat «que dénonçait d’ailleurs plus tôt cette année le rapport du Vérificateur général du Québec», mentionne le Syndicat des Métallos.
Chacun de ces mécanismes implique une participation des travailleurs. Il s’agit du comité de santé et sécurité paritaire, du représentant à la prévention et des programmes de prévention et de santé spécifique à l’établissement, détaille-t-on.
Bilan carbone
Par ailleurs, l’environnement et de la réduction des gaz à effet de serre (GES) ont aussi retenu l’attention de la 55e assemblée annuelle des Métallos.
Ceux-ci estiment que les gouvernements doivent soutenir la modernisation du secteur industriel pour améliorer leur bilan carbone et réclament une taxe carbone aux frontières. Cette barrière tarifaire permettrait de rétablir l’équité entre des produits fabriqués au pays de façon moins polluante et d’autres provenant de pays aux normes environnementales plus laxistes.
«Si les industries d’ici font des efforts, elles ne doivent pas se faire damer le pion par des produits provenant d’ailleurs dont la fabrication implique beaucoup plus de GES et qui sont transportés sur des bateaux géants tout autant polluants. La fiscalité doit permettre de rétablir l’équilibre», de faire valoir Alain Croteau.
Enfin, la question de la pénurie de main-d’oeuvre et ses effets sur les conditions de travail a également été abordée. À cet égard, M. Croteau est d’avis que les entrepreneurs doivent considérer à consentir des hausses salariales plus généreuses et améliorer les conditions de travail de leurs employés. «Il en va de leur compétitivité», termine-t-il.