Après une décennie à mettre en place toutes les pièces du puzzle et traverser bien des péripéties, l’Association lavalloise de parents pour le bien-être mental (Alpabem) est désormais propriétaire de ses locaux situés au 645, boulevard des Laurentides, dans Pont-Viau.
Depuis le 20 août 2018, l’organisme est pleinement opérationnel dans cet immeuble qui abritait jadis une Caisse populaire et le populaire magasin familial Sport Dépôt.
«Cela faisait 10 ans que l’on explorait divers scénarios, notamment un bail avec option d’achat du bâtiment que nous louions depuis 2012, dans Vimont, raconte Patrice Machabée, directeur général de l’Alpabem. J’étais aussi en communication avec le propriétaire du Sport Dépôt qui était quelqu’un de très apprécié ici, dans la communauté. Mais à l’époque, le montant demandé excédait nos capacités, soit un maximum de 700 000 $.»
En novembre 2017, la situation a changé. Un coup de fil vise à savoir si l’Alpabem demeure intéressé par l’endroit.
«Je sais que pour certains, ça ne veut plus rien dire, mais il a suffi d’une solide poignée de main pour que je sache que nous avions un accord, continue Patrice Machabée. En homme de cœur qu’il est, Jeffrey Secours est sensible à notre mission qui est de soutenir l’entourage des personnes atteintes d’une maladie mentale par l’information et l’intervention. Il sait qu’il aurait pu exiger beaucoup plus d’argent.»
Pourparlers multiples
Dans une telle démarche, l’enjeu crucial demeure la mise de fond pour tout organisme communautaire qui ne peut amasser un actif autre que pour soutenir ses services durant quelques mois à l’avance.
«En plus de renforcer notre mission, nous ne voulons pas nous contenter d’être des observateurs, mais devenir des acteurs et investisseurs à long terme en développement social.»
– Patrice Machabée, dg de l’Alpabem
Très vite, Patrice Machabée a donc sollicité une rencontre avec le maire Marc Demers, pour savoir si la Ville était prête à endosser en partie le prêt nécessaire au projet, tout en approchant parallèlement des fondations. Une offre d’achat était déposée il y a un an après avoir obtenu l’appui de l’une d’entre elles, Dollar d’argent.
«Nous sommes en pleine innovation sur le plan opérationnel pour un organisme à but non lucratif, poursuit le jeune directeur qui a été reconnu parmi les 150 leaders les plus influents au pays à l’automne 2017. La Caisse d’économie solidaire Desjardins a accepté d’embarquer dans l’aventure.»
Toutefois, en cours de route, Dollar d’argent, dont le fondateur et président est Adam L. Steinberg, âgé alors de 51 ans, exige d’assumer seul la garantie du prêt (315 000 $), tellement elle y croit profondément.
«Le vendredi, je parlais à M. Steinberg pour conclure notre entente, lui qui appréciait notre idée d’un centre communautaire autonome, avant de contacter la Ville de Laval qui a pu se retirer du projet, relate Patrice Machabée. Malheureusement, le mercredi suivant, M. Steinberg mourrait subitement sans avoir eu le temps de signer notre lettre. On se retrouvait un peu le bec à l’eau.»
Heureusement, l’équipe d’Alapabem ne s’est pas laissée abattre et a repris son bâton de pèlerin afin de convaincre d’autres Fondations (Saputo et McConnell) de soutenir la réalisation de son projet d’acquisition, ce qui fut réalisé avec succès.
Superficie doublée
Elle est désormais révolue l’époque où l’Alpabem ne disposait que d’un 1000 pieds carrés à l’angle des boulevards Saint-Martin et Le Corbusier, trop à l’étroit pour répondre à ses besoins.
Plus de 125 personnes ont pu le constater lors des portes ouvertes, le 20 novembre. L’organisme possède maintenant un rez-de-chaussée lumineux et ouvert de 4200 pieds carrés, ainsi qu’un 2000 supplémentaires au sous-sol.
«Nous nous sommes rapprochés de nos membres et des autres organismes oeuvrant en santé mentale, on peut se rencontrer à pied! souligne Patrice Machabée. Nous avons notamment une salle polyvalente pour nos conférences et fêtes, ce qui fait autant d’économies car il nous fallait louer des espaces pour ces activités.»
Également, quiconque franchit ses portes comprend mieux la mission de l’organisme que dans des locaux froids de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé. Plus important, les familles ont leur salle de formation et les enfants ont droit à un local chaleureux, plus intime qu’avant. D’autre part, les bureaux administratifs sont plus petits que les précédents.
Partenariats
Déjà, le Regroupement des familles monoparentales et recomposées de Laval occupe des espaces. D’ici l’automne prochain, la Ferme Jeunes au Travail exploitera un café ouvert à tous où une vingtaine de personnes pourront s’arrêter un moment.
«Nous avons optimisé nos espaces avec, entre autres, 2 salles de réunion pouvant accueillir de 5 à 12 personnes, ajoute Patrice Machabée. On veut que ça devienne un lieu de rencontre pour nos partenaires et les gens d’affaires. Aussi, de mettre en commun des ressources comme l’Internet, le photocopieur et un loyer, permet de mieux administrer l’argent public.»
Rapidement, l’Alpabem croit que les revenus générés par cette décision audacieuse assurera la pérennité de ses services et activités, ainsi que celle des autres organismes qui viendront s’installer dans les cinq bureaux encore disponibles de l’immeuble.