L’endettement net à long terme à la charge de l’ensemble des contribuables devrait bondir de 24 % d’ici le 31 décembre 2021.
Voilà ce qui ressort du programme triennal d’immobilisations (PTI).
En chiffre absolu, l’endettement des Lavallois s’alourdirait de 112,6 M$ pour s’établir à 584 M$ dans trois ans d’ici.
Au dépôt du budget le 3 décembre, le directeur du Service des finances, Sylvain Gouin, justifiait la chose par un sous-financement au cours de la décennie précédente en matière de mise à niveau des infrastructures municipales existantes et d’ajout d’équipements municipaux.
«On en a fait la démonstration avec les PTI qu’on dépose depuis trois ou quatre ans, expliquait-il. On est en déficit d’infrastructures.»
Pourtant, malgré les dizaines et dizaines de millions de dollars investies dans la réfection de ses actifs depuis qu’elle a pris le pouvoir en 2013, l’administration Demers avait réussi à limiter la hausse de l’endettement à la charge des citoyens à 37,3 M$ en cinq ans, soit une croissance annuelle inférieure à 7,5 M$.
En comparaison à ces cinq dernières années, la hausse annuelle moyenne projetée de la dette municipale se chiffre à 400 %, soit l’équivalent de 37,5 M$ en 2019, 2020 et 2021.
Dette par habitant
Quant à la dette per capita qui s’élève actuellement à 1056 $, elle passerait à 1262 $ dans trois ans d’ici. Il s’agit d’une augmentation de 206 $ par habitant.
Pour mettre le tout en perspective, la dette per capita a augmenté de six dollars au cours des cinq premières années de l’administration actuelle. Elle serait ainsi passée de 1050 $ en 2013 à 1056 $ au 31 décembre 2018, selon les projections du Service des finances.
En clair, l’état de l’endettement augmentera annuellement en moyenne de 69 $ par Lavallois d’ici 2021, alors qu’elle n’avait augmenté que de 1 $ par année entre 2013 et 2018.
Sous contrôle
À la Ville, on assure que «le recours à l’emprunt relève d’une planification et d’une gestion sous contrôle».
À cet égard, poursuit-on, «les PTI adoptés par le conseil municipal depuis décembre 2015, soit les PTI 2016-2018, 2017-2019 et 2018-2020, prévoyaient tous une croissance de l’endettement net à long terme à l’ensemble des citoyens, ainsi qu’une croissance de la dette par habitant. Le PTI 2019-2021 n’y fait pas exception.»
Quant à la «croissance plutôt modérée» que connaît depuis 2014 l’endettement réel net, «cela est principalement attribuable aux faibles niveaux de réalisation en 2014 et 2015 par rapport à la planification».
Stratégie
Par ailleurs, l’administration municipale mentionne que le PTI 2019-2021, qui prévoit à terme des emprunts de 356 M$, respecte le seuil maximal de 120 M$ par année conformément à la stratégie liée au financement des investissements en place depuis trois ans.
En 2019, par exemple, la Ville prévoit investir en immobilisations 315 M$, dont 230 M$ à la charge de l’ensemble des contribuables. De ce montant, 113 M$ seront payés comptant à même les réserves financières, fonds réservés et surplus budgétaires, alors que la Ville recourra à l’emprunt pour financer les 117 M$ manquants.
Soulignons qu’au cours des 17 premières années du présent millénaire, le remboursement net de la dette avait toujours été supérieur aux nouveaux emprunts, ce qui se traduisait année après année par une réduction systématiquement de la dette à l’ensemble des citoyens.
Entre 2000 et 2007, la Ville s’y était attaquée furieusement, retranchant quelque 160 M$ à sa dette nette à long terme.
Quant à la croissance projetée de 112,6 M$ qui porterait l’endettement citoyen à 584,1 M$ au 31 décembre 2021, le directeur des Finances, Sylvain Gouin, se faisait rassurant lorsque questionné à cet effet au dévoilement du PTI 2019-2021. «Notre niveau d’endettement est faible et on peut se permettre d’emprunter […] On va donc augmenter notre service de la dette pour mettre en place des infrastructures nécessaires», faisait-il valoir tout en ajoutant qu’au terme de l’exercice, Laval serait encore «bonne première des 10 grandes villes au Québec» en matière de santé financière.