La Régie des alcools, des courses et des jeux a ordonné la saisie et confiscation du permis de bar et la licence d’exploitant de site d’appareils de loterie vidéo de l’établissement de danse érotique Pink Paradise, notamment en raison de la présence régulière de gens reliés au crime organisé en ses murs.
Dans sa décision, la Régie indique qu’entre les 5 mars et 22 mars 2013, le Service de police de Laval (SPL) a reçu quatre appels à la bombe et constaté par la suite, via son sergent-enquêteur qu’une «constellation d’individus criminalisés gravitent autour de…» Benoît Séguin, l’unique actionnaire de l’endroit bien connu situé boulevard des Laurentides, non loin du pont Viau.
Un premier avis de convocation, afin d’étudier la révocation ou non de la licence d’exploitation du commerce érotique, a été envoyé le 26 février 2016, avant que ne débute l’audience sept mois plus tard, pour se terminer le 12 juin dernier.
Refus de fermeture
Dans un premier temps, le jugement fait état du refus des responsables rencontrés de fermer l’établissement, alors qu’ils jugent non sérieux les appels à la bombe reçus. Pour sa part, Benoît Séguin suggère «un mauvais coup orchestré par un concurrent ou un ancien employé mécontent.»
Un événement violent datant du 16 juin 2013 à la suite duquel un portier, Jonathan Mayer, sera accusé de voies de fait envers un client est aussi consigné au rapport d’enquête, bien que l’accusation sera abandonnée plus tard, peut-on lire dans le document d’une vingtaine de pages.
À la mi-septembre, c’est plutôt le videur qui se retrouvera à l’hôpital après avoir été blessé. Les policiers suggéreront alors, sans succès, à M. Séguin de se débarrasser de son portier.
Motards criminalisés
Le sergent-enquêteur effectuera une dizaine de visites au <@Ri>Pink Paradise<@$p> de novembre 2016 à avril 2018.
La Régie rapporte que lors d’une de ces visites, 25 personnes ont été interpelées par les patrouilleurs et parmi elles, 15 possédaient un casier judiciaire ou avaient fait l’objet d’accusations criminelles, dont Mario Brouillette, membre en règle du chapitre de Trois-Rivières des Hells Angels, une étoile montante qui aurait été pressentie pour prendre la succession de Maurice «Mom» Boucher à la tête du groupe de motards.
Le 20 mars dernier, ce sont «cinq membre des Minotaures, groupe affilié aux Hells» dont on a constaté la présence sur place.
Propriété
L’immeuble abritant le bar de danseuse appartient à la société Gestion France Bilodeau inc., dont l’unique actionnaire est la conjointe de Charles Huneault, un proche de Benoît Séguin qui a déjà été trouvé coupable de possession de stupéfiants et conduite avec les facultés affaiblies.
Considéré par la Régie comme celui qui contrôle vraiment le Pink Paradise, Charles Huneault est connu du SPL depuis 20 ans, est-il mentionné. Son frère était le président des Death Riders de Laval, un groupe de motards criminalisés créé en 1966 et disparu en 1999, relevant des Hells Angels de Montréal.
Le 23 août 2006, «à la suite d’un conflit avec des gens reliés à la mafia italienne, le véhicule conduit par Charles Huneault a été la cible de plusieurs projectiles d’armes à feu», peut-on aussi lire. Par la suite, il a été observé à maintes reprises en compagnie de membres identifiés à la mafia, prenant même part à un mariage en tant qu’invité.
Au fil des témoignages, on apprend que Sylvain Desmeule, le comptable de Charles Huneault, Benoît Séguin et de la société propriétaire du Pink Paradise, est l’ancien propriétaire des salons de massage Alexcellence, boulevards des Laurentides et Curé-Labelle, qui appartiennent désormais à Sébastien Burelle.
De retour au bar de danseuse, un autre reproche fait à l’établissement est d’y avoir trouvé, le 20 mars 2018, une jeune fille d’âge mineur.
Dans son verdict émis le 28 août, la Régie ajoute ne pas croire Benoît Séguin quand il affirme ignorer les liens entre Charles Huneault, un bon ami, et le crime organisé, ce qui l’a motivée à fermer définitivement les portes du bar de danseuse.