Évincé de la présidence du Comité de vérification de la Ville par voie de résolution du conseil, le 4 septembre, Michel Poissant n’était pas trop surpris.
«Avec les débats des derniers mois et le style managérial [du maire], je savais que M. De Cotis sauterait à la première occasion. J’en étais convaincu», a d’abord commenté M. Poissant à la pause de la séance du conseil.
Quant à son propre remplacement, il enchaînait ainsi: «Je ne savais pas jusqu’où il irait, mais je n’étais pas sans savoir que mon nom était sur le haut de la liste.»
Justification
Avant d’appeler le vote, le maire Demers a justifié sa volonté de le remplacer à la tête du comité chargé de conseiller les diverses instances de la Ville en matière d’audit. «La nomination de M. Poissant en juin était contraire à nos propres règlements. On ne peut pas demander à nos citoyens de suivre nos règlements municipaux si nous-mêmes on ne les applique pas.»
Selon la résolution de 2010, le maire est membre d’office et président du Comité de vérification et c’est seulement sur proposition du maire qu’un membre du conseil municipal peut le remplacer à ce titre.
Or, au moment de sa nomination en pleine crise politique, le 7 juin dernier, Michel Poissant avait été proposé par le conseiller de l’opposition, Claude Larochelle, et nommé sans qu’aucun des 12 élus siégeant ne demande le vote.
Trois voix
Conseillère de Chomedey, Aglaia Revelakis a reproché à M. Demers de jouer à la chaise musicale à la faveur de nominations partisanes.
«Il a retrouvé sa majorité. C’est bien pour sa gang et non pour les citoyens. Pour Marc Demers, c’est avec lui ou contre lui; c’est les gentils contre les méchants.»
Les conseillers municipaux Aram Elagoz, Aline Dib et Sandra El-Helou qui, il y a trois mois, avaient voté pour la nomination de Michel Poissant, en remplacement de Yannick Langlois, ont cette fois-ci voté pour remplacer Michel Poissant par ce même Yannick Langlois.
La voix de ces trois élus, lesquels réintégraient le caucus de l’équipe du maire Demers le mois dernier, a fait la différence dans une vote de 12-9.
Une menace?
Homme au franc-parler, M. Poissant, qui a évolué 30 ans dans le milieu des affaires, avait présidé au Comité de vérification durant les quatre premières années de l’administration Demers.
«J’avais demandé une réforme du comité», dit-il. Il en avait fait une «exigence formelle» de manière à ce que ce comité aux allures de «club social» puisse véritablement exercer son rôle de chien de garde des finances publiques.
«Le CE [comité exécutif] voyait ça comme une menace. Je n’ai pas été [re]nommé en [novembre] 2017», fait valoir le conseiller de Vimont qui rappelle qu’à l’époque où il était à l’emploi du Fonds de solidarité FTQ, il gagnait sa vie à siéger à des conseils d’administration et autres comités de gouvernance et d’audit d’entreprises notamment cotées en Bourse.
Porte-parole au cabinet du maire, Valérie Sauvé indique qu’«il est normal et d’usage de revoir les attributions de postes après une élection», ajoutant que «cela se fait dans tous les gouvernements.»
«Je vais laisser la population juger», a terminé M. Poissant, qui préside actuellement aux destinées du Comité du régime de retraite des employés de la Ville.