«Les experts disent qu’il faut arrêter d’investir dans le pétrole et les pipelines», a fait valoir l’environnementaliste, rappelant la lutte contre les changements climatiques qui dicte l’agenda des gouvernements à travers la planète.
Aller de l’avant avec le controversé projet équivaudrait à doubler l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) que produit tout le secteur industriel québécois, a-t-il illustré, en évoquant l’exploitation des sables bitumineux de l’Ouest canadien et la hausse de production du «pétrole le plus sale» que le projet soutiendrait.
«C’est le plus gros pipeline projeté en Amérique du Nord et l’un des plus gros au monde.»
M. Guilbeault en veut pour preuve les 1,1 million de barils de pétrole que l’oléoduc transporterait quotidiennement des provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan vers des raffineries de l’Est du Canada.
Système de détection défaillant
Plus tôt en journée, on apprenait qu’une fuite, détectée samedi sur l’oléoduc Keystone de TransCanada dans le Dakota du Sud, en avait forcé la fermeture pour plusieurs jours.
«C’est un passant qui l’a détectée et qui a appelé l’Office national de l’énergie (ONÉ). Ç’a pris deux jours avant qu’on le sache», a indiqué Steven Guilbeault, ajoutant que le déversement était passé sous le radar de la multinationale.
Analyste associée de la firme écologiste Transitio, qui lui succédait au micro, Lorraine Caron a renchéri, attestant de l’inefficacité des systèmes de détection à distance des sociétés pipelinières.
«Seulement 5 % des fuites sont détectées par ces systèmes», a-t-elle mentionné, étude américaine à l’appui, soulignant que les fuites de moins de 1,5 % du débit d’un oléoduc ne sont pas détectables.
Dans la grande majorité des cas, ce sont les employés sur les lieux qui détectent ces déversements.
Inévitables fuites
Les deux spécialistes s’entendent pour dire que les fuites de pétrole sont inévitables. «La question n’est pas de savoir s’il y aura ou pas un déversement, mais bien quand et où il se produira», ont-ils répété tout à tour.
À cet égard, le cofondateur d’Équiterre chiffre bon an mal an à 1,3 million le nombre moyen de barils de pétrole qui se déversent chaque année dans le réseau pipelinier que la compagnie Enbridge exploite à travers l’Amérique du Nord.
Quant aux volumes annuels des déversements recensés par l’ONÉ, organisme réglementant les pipelines interprovinciaux au pays, ils sont grandement sous-estimés, a affirmé Mme Caron. «L’ONÉ ne comptabilise pas les déversements de moins de 1500 litres.»
Or, selon le Bureau de la sécurité des transports du Canada, 75 % des incidents avec fuite observé en 2014 comptaient moins d’un millier de litres de pétrole brut.