Cette coupe projetée de 1,4 M$ en 2016-17 s’ajoute à des compressions de 3,35 M$ en 2015-16 pour ces élèves.
Pour André Arsenault, du conseil d’administration du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) et responsable du dossier EHDAA, et Jennifer Gagnon, vice-présidente du SERL, cette mesure est inacceptable.
Suppression de classes
À la prochaine rentrée scolaire, la CSDL prévoit la suppression de quatre classes spécialisées en troubles du langage aux écoles De l’Équinoxe et Le Tandem.
Les compressions devraient toucher aussi bien ceux qui sont en classe spécialisée que ceux qui sont intégrés dans des classes ordinaires avec l’aide d’orthophonistes, d’orthopédagogues ou de techniciens spécialisés.
«Au fil des ans, on a intégré de plus en plus de ces élèves en classes régulières, en leur donnant des services spécialisés. Là, on en est à intégrer ces élèves en classes régulières, mais sans leur donner d’aide particulière. C’est dramatique», affirme Mme Gagnon.
«Les classes ordinaires coûtent moins cher. Les ratios ne sont pas réduits, on n’a pas à prévoir d’éducatrice spécialisée, ni d’orthophonie ou d’orthopédagogie», ajoute M. Arsenault.
Encadrement
La CSDL économiserait 216 600 $ en supprimant l’accompagnement particulier des élèves handicapés à l’heure du dîner. «Ces enfants ont un grand besoin d’encadrement spécifique pour le dîner», indique le responsable du dossier EHDAA.
«Toutes ces coupures auront des impacts majeurs à plusieurs niveaux pour les élèves réguliers et le cheminement des élèves particuliers. De plus, les enseignants auront des taches accrues», ajoute Mme Gagnon.
Contradiction du ministre
Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx a mentionné à l’Assemblée nationale, le 24 février, que l’on devait maintenir les services pour les élèves EHDAA, à Laval.
«Pourtant, c’est son gouvernement qui a accepté ces compressions de l’ordre de 3 335 000$, en 2015-16, pour les élèves handicapés», souligne la porte-parole du SERL, Manon Lafrance.
Réinvestissement en éducation
Les membres du SERL déplorent ces compressions budgétaires et suggèrent à la présidente de la CSDL de demander au gouvernement un réinvestissement en éducation.
«C’est surprenant que Mme Lortie ne réclame pas d’argent au gouvernement. Elle doit faire également savoir au ministre qu’il faut maintenir les services qui sont essentiels», clament-ils.
Au total, la CSDL fera des compressions de l’ordre de 7 939 000 $.
Pas de gaieté de cœur
Louise Lortie, présidente de la Commission scolaire de Laval (CSDL), indique qu’elle n’a pas eu le choix de faire des compressions du côté des enfants EHDAA parce que la CSDL a investi des sommes importantes au fil des ans.
«Cette décision n’a pas été prise de gaieté de cœur. Nous avons investi 15 M$, l’an dernier. Nous sommes d’ailleurs la commission scolaire qui investit le plus dans ces élèves handicapés et en difficulté. Par exemple, 150 M$ sont investis pour les EHDAA dans l’ensemble des commissions scolaires au Québec», précise Mme Lortie.
«Tout a été analysé. Nous avons regardé toutes les possibilités», renchérit-elle.
Mme Lortie avoue que cette clientèle augmente chaque année de 10 %. «Oui cette coupure peut paraître dramatique, mais nous sommes toujours celle qui investit le plus d’argent dans nos EHDAA.»
Celle-ci affirme qu’une cellule de crise a été mise sur place cette année et elle n’a pas été utilisée. «Nous ne voulons pas échapper personne. La CSDL ne laissera pas tomber les élèves avec des besoins particuliers.»
Budget déficitaire
Rappelons que la CSDL a montré un budget déficitaire en 2015-2016. Elle a donc présenté un plan de redressement au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEESR) en novembre.
Avec les changements de ministre de l’Éducation, François Blais, Pierre Moreau et Sébastien Proulx, la présidente de la CSDL n’a toujours pas eu de réponse du ministère en date du 25 février.