Au-delà d’une masse critique de 90 sociétés et organisations et de ses quelques 5000 emplois à valeur ajoutée, cette industrie a généré à elle seule près de 85 % de tous les investissements injectés dans la recherche et développement en sol lavallois en 2014.
En chiffres absolus, la Cité est à l’origine de 161 des 191 M$ investis en R&D cette année-là.
«Cela représente en grande partie des salaires», observe le directeur de la Cité de la Biotech, Jean-Marc Juteau.
Des emplois de qualité comme en fait foi une rémunération moyenne de 65 % plus élevée que celle de tous les autres secteurs industriels confondus, de renchérir le principal intéressé.
Sans compter que chaque poste qui se crée dans les sciences de la vie entraîne l’ouverture de 2 à 5 postes indirects, dont plusieurs à valeur ajoutée.
3,4 G$
Depuis 2003, l’industrie des biopharmaceutiques a maintenu une moyenne annuelle de 263 M$ en investissement dans ses installations lavalloises, ce qui totalise plus de 3,4 milliards de dollars, chiffre M. Juteau.
En 2014, le tiers de tous les investissements industriels recensés à Laval relève de ce secteur de la nouvelle économie, à savoir 181 M$ sur un total excédant le demi-milliard.
Épargnée par la crise
Cela dit, la région a été plutôt épargnée par la crise qui a secoué l’industrie pharmaceutique en 2008 et provoqué, depuis, la fermeture de plusieurs centres de recherche.
«À partir de 2008, le modèle d’affaires a changé», rappelle Jean-Marc Juteau, soulignant que les grandes pharmas se sont mises à sous-contracter la majeure partie de la recherche, et ce, de la découverte d’une molécule jusqu’aux phases d’essais cliniques d’un nouveau médicament.
Ainsi, les emplois perdus ont été en partie recyclés dans des start-up créés par des chercheurs licenciés.
«Il s’agit d’un secteur en très grande croissance, mentionne le patron de la Cité à propos de ces organisations de recherche contractuelle (ORC), communément appelées CRO pour Contract Research organization.
À preuve, ces entreprises, qui font des études de recherche préclinique et des essais cliniques leur champ d’expertise, représentent à elles seules 20 % des sociétés issues des sciences de la vie dans la ville-région et près d’un millier d’emplois.
Cas type
Le plus bel exemple pour illustrer ce nouveau modèle d’affaires d’une industrie biopharmaceutique en pleine mutation fut l’inauguration, l’automne dernier, d’un centre multilocataires dans les installations du 525, boulevard Cartier qu’occupait GlaxoSmithKline (GSK) jusqu’à la fermeture de son centre de recherche sur les vaccins.
Cela a permis l’implantation d’une nouvelle division de l’Institut NÉOMED, cet OSBL du Technoparc Montréal dont le plan d’affaires novateur a transformé la manière de mener la recherche et le développement à la faveur de partenariats de collaboration.
M. Juteau en parle comme d’un incubateur de PME dédiées au développement de produits biologiques et vaccins, oeuvrant principalement dans le secteur des ORC.
«Il peut accueillir des compagnies un peu plus grosses que celles qu’accueille le CQIB [Centre québécois d’innovation en biotechnologie] de l’autre côté de la rue», indique-t-il.
Déjà, elles sont près d’une demi-douzaine d’entreprises à s’y être installées, dont NÉOMED-LABS qui emploie près de 70 personnes.
«Une centaine de personne y travaillent aujourd’hui et ce n’est qu’une question de temps avant que ça ne grimpe à 200 employés», prédit Jean-Marc Juteau, tout en rappelant que GSK y employait 122 travailleurs avant la fermeture de son centre de recherche.
Partenaire de NÉOMED dans cette nouvelle division, GSK Pharma Canada a d’ailleurs investi 47 M$ dans l’aventure.
Succès de la Cité
Si la Cité de la Biotech est parvenue à traverser la crise et à maintenir ses effectifs au fil des dernières années, c’est essentiellement en raison de son parc verticalement intégré qui assure l’accès à une main-d’œuvre qualifiée et spécialisée, explique le principal intéressé.
Il évoque une masse critique d’entreprises, la présence de grandes pharmaceutiques, des sociétés de biotechnologie et des centres de recherche qui se déploient autour du campus des sciences de la vie de l’Institut national de la recherche scientifique-Institut Armand-Frappier (INRS-IAF), mais aussi une multitude d’organisations de recherche contractuelle (ORC), un incubateur d’entreprises spécialisées en biotechnologie et un important parc d’instruments scientifiques accessibles à temps partagé.
Quant au CQIB, ce leader mondial dans l’accompagnement des entreprises en démarrage a incubé pas moins de 50 entreprises en 20 ans. «C’est unique au pays», termine fièrement M. Juteau.