«Tout réside dans la présence et l’engagement paternel, mais on travaille aussi sur la réussite socio-économique, la situation familiale, les études et le travail, car ce sont des facteurs de risque de désengagement», observe le directeur général, Mohammed Barhone.
Un soutien qui intervient dès la naissance de l’enfant et spécialement auprès des jeunes pères âgés de 18 à 25 ans. Ainsi, lorsqu’une infirmière du CLSC rend visite à la maman quelques jours après la naissance, Repère dépêche un intervenant afin de créer un premier contact avec le nouveau papa. «On parle avec eux sur comment faire des activités avec leur enfant, contribuer aux tâches de la maison et exercer leur rôle», poursuit le directeur général.
Être papa, ça se travaille
Écouter, identifier les besoins, prioriser et mettre en place des objectifs, c’est aussi la mission de Repère qui favorise un accompagnement sur le long terme.
«Quelles que soient les difficultés du père ou de sa situation, l’objectif est qu’il reste dans la vie de l’enfant et on travaille avec lui via des rencontres individuelles ou on le réfère au besoin.»
Selon Mohammed Barhone, dans bien des cas la coparentalité est la clé du succès. «Qu’ils soient séparés ou en couple, les deux parents doivent travailler comme coéquipier pour répondre aux besoins de l’enfant.»
Créé en 1995 à Montréal, l’organisme, qui fête sa première année d’installation à Laval, à un rayonnement au-delà de l’île Jésus. «Les gens qui habitent dans le secteur nord de Montréal fréquentent aussi l’établissement de Laval.» À ce jour, les responsables estiment à une soixantaine le nombre d’usagers lavallois.
Passer du temps de qualité
En plus d’une intervention psychosociale, l’organisme a développé une série d’activités afin de rapprocher pères et enfants.
«Bien des papas nous disent « je travaille toute la semaine, j’ai besoin de passer du temps de qualité avec mon enfant. »» Cours de cuisine, camps de vacances, activités sportives, les rendez-vous sont planifiés autant la semaine que la fin de semaine.
«Au quotidien, c’est difficile de créer des liens et d’être important dans la vie de l’enfant, confirme Patrick Boucher, résident de Champfleury qui a la garde de ses deux fils trois fins de semaine sur quatre. Avec ces activités, on se retrouve dans un contexte plus relax, on joue avec nos enfants et on crée des liens avec d’autres papas. Ça diminue aussi le niveau d’isolement.»
Se battre pour son enfant
Mais Repère fait quelques fois face à des situations bien plus complexes et délicates, comme celle de Frédéric.
Papa d’un petit garçon de cinq ans, il vit un stress sans commune mesure depuis que la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a repris la garde de son fils. «On m’avait confié la garde de mon fils, car il se faisait battre par l’ex-conjoint de mon ancienne blonde. Après un an, j’ai perdu la garde en cour, car selon eux, j’étais trop impulsif», raconte l’homme de 32 ans.
Aujourd’hui, étant considéré comme «dangereux pour son fils», il peut le voir deux heures aux deux semaines et sous la supervision de la DPJ. «Dans ma démarche pour récupérer mon fils, je travaille sur moi et je suis des ateliers». Il a commencé chez Repère en septembre 2013 et recommencera les activités à leurs reprises dès févier. «J’assiste à des ateliers chaque mardi sur le développement de l’enfant et on a aussi accès à un psychologue et un avocat. Je ne lâcherai pas ma bataille.»
Inégalité homme-femme ?
La société accorderait davantage de crédit aux mamans qu’aux papas, selon Frédéric.
«On a encore bien du chemin à faire. Si je parle fort en cour, je serai considéré comme méchant et impulsif, alors qu’une mère, si elle parle fort, on va considérer qu’elle a des convictions, qu’elle veut se battre pour son enfant.»
Une opinion partagée par M. Boucher, qui ne comprend toujours pas pourquoi le juge ne lui a pas accordé une garde partagée. «C’est comme si les gars partent perdants, entre guillemets. C’est vrai qu’il faut une bonne dose de maturité pour avoir des enfants, mais franchement, dans mon entourage, je ne connais pas de mauvais gars.»
Alors, y aurait-il vraiment une injustice? Pas complètement, si l’on en croit Mohammed Barhone, qui observe des différences comportementales entre les hommes et les femmes. «Il y a aussi une responsabilité du père. Les hommes attendent souvent avant d’aller chercher de l’aide et quelques fois, on va même les chercher. Ils ont tendance à minimiser le problème jusqu’à ce que cela devienne important, alors qu’une femme a généralement l’intuition qu’il va avoir un problème.»
Le directeur général se réjouit également que les médias et la société soient de plus en plus sensibles à l’importance de la place du père, même s’il reconnaît qu’il reste du travail à faire.
L’organisme Repère Laval est situé dans les locaux de l’Entraide Pont-Viau-Laval-des-Rapides au 664, rue St-André. Information: 450 663-8039, poste 239 ou www.repere.org.