Le groupe de quatre parents à l’origine de cette pétition considère que le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) leur est inéquitable et réclament le même traitement que les parents biologiques la première année de l’arrivée de l’enfant dans sa nouvelle famille.
Devant cette situation, plusieurs adoptants décident de prolonger leur congé sans solde pour permettre à leur enfant de s’attacher et s’adapter à eux.
Un mémoire sera déposé
Un mémoire sur la question sera aussi remis à l’Assemblée nationale par le groupe à la fin du mois de janvier. Déjà plus de 7300 personnes ont appuyé cette pétition qui restera en ligne jusqu’au 1er février avant d’être déposée par Léo Bureau-Blouin, député de Laval-des-Rapides, qui y adhère également. Avant son élection, le Parti Québécois parlait d’ailleurs déjà de la modification du RQAP dans son programme politique.
«Le sujet sera débattu, indique le député. Cela représente un impact minime dans le financement, car il y a un faible pourcentage d’adoptions comparativement aux naissances biologiques. Le nombre d’emplois qui nécessitent ces prestations est mince».
Une centaine d’adoptions
Chaque année au Québec, on compte entre 250 à 300 adoptions seulement pour l’international, sans oublier celles sur le territoire de la province qui représentent sensiblement la même part. Pour Anne-Marie Morel, une mère lavalloise d’une petite Philippine de quatre ans et demi et qui fait partie du groupe de parents de la pétition, le gouvernement a amplement les moyens d’ajuster les semaines de congés parentaux.
«Il y avait d’autres groupes auparavant qui avaient fait des demandes similaires, exprime-t-elle. Donc, nous nous sommes réorganisés pour les faire de façon plus construite avec l’historique du RQAP, qui nous donne la possibilité de dire que le système peut le permettre. Notre demande coûterait moins de 5 M$ par année sur un budget de 2 milliards de dollars autant pour les parents adoptants localement et internationalement.»
Créer l’attachement
Le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine et qui se porte à la défense de la santé et des droits des 0-18 ans et de leur famille, observe que le congé des parents adoptants est plus court partout dans le monde, alors que la première année dans le nouveau foyer est un moment charnière dans la vie de l’enfant.
«C’est un énorme problème avec les enfants adoptés qui sont plus malades en moyenne qu’une population d’enfants biologiques, estime-t-il. L’adoption est un besoin de protection et son but est l’attachement. Ce sont des enfants qui sont mal nourris, infectés et qui n’ont eu personne pour les regarder, les aimer, les prendre, les embrasser pendant quelques mois ou même des années.»
Selon le pédiatre, il ne devrait pas y avoir de comparaison entre un enfant biologique et adoptif pour justifier des politiques publiques. «La mère n’accouche pas en adoption et n’a pas l’air sur le carreau, ni le père. À force de comparer des droits individuels d’adultes, le congé du père et de la mère, on finit par tomber dans un guêpier qui nous met complètement en porte-à-faux avec les droits de l’enfance. On donne un congé pour protéger l’enfant et c’est le mot-clé.»
On peut prendre connaissance de la pétition au www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-4479/index.html.