Léo Bureau-Blouin avait promis en campagne de proposer des pistes pour changer la façon de faire la politique et lutter contre le cynisme des citoyens.
Un mois après son élection, il part en mission contre la politique de la terre brûlée, une pratique courante selon laquelle les députés défaits lors d’une élection font tout disparaître derrière eux.
Des classeurs vides
En prenant possession du local de l’ex-député Alain Paquet, qui représentait les électeurs de Laval-de-Rapides depuis 2003, le plus jeune parlementaire de l’histoire de l’Assemblée nationale a retrouvé des classeurs vides.
«À l’exception du Programme de soutien à l’action bénévole, tout a été détruit», déplore-t-il, précisant que les politiciens évoquent la protection des renseignements personnels pour justifier la destruction des documents.
À cet égard, il cite en exemple les médecins qui, au moment de leur retraite, transmettent à des collègues le dossier de leurs patients plutôt que de le passer dans la déchiqueteuse, et ce, malgré qu’ils renferment des informations éminemment personnelles.
«En tant que députés, nous sommes aussi des professionnels qui traitons de manière avisée les dossiers qui nous sont confiés, fait-il valoir.
Aux citoyens de choisir
En ce sens, il entend demander à tous ceux et celles qui s’adresseront à son bureau de comté le consentement quant au transfert de leur dossier, advenant l’élection d’un nouveau député lors d’une prochaine élection.
«On doit leur laisser le choix; ça leur appartient!»
M. Bureau-Blouin explique que des citoyens ont communiqué avec lui pour faire le suivi de leur dossier et qu’il est contraint de reprendre tout le processus à zéro. «C’est le citoyen qui est perdant dans tout ça.»
Pour le jeune député péquiste, l’intérêt public doit primer sur la partisanerie politique. Il s’engage à changer les choses d’abord à l’échelle de sa circonscription. «Si la pratique fonctionne, j’en ferai la promotion auprès de mes collègues», assure celui qui espère «faire une différence dans la vie des citoyens».
Le Courrier Laval a tenté en vain de rejoindre l’ex-député Alain Paquet.
Même résultat dans Vimont
Dans le comté de Vimont, il semblerait que la passation des pouvoirs entre les libéraux Vincent Auclair – qui ne s’est pas représenté – et Jean Rousselle – qui lui a succédé – ait donné le même résultat qu’à Laval-des-Rapides.
«Même si nous sommes de la même équipe, tous les dossiers sont toujours déchiquetés», affirme Anabela Monteiro, responsable du bureau de comté de Jean Rousselle, qui n’aurait pas fait exception à la règle.
Toujours selon Mme Monteiro, cette pratique n’échappe pas aux ministères lors d’un remaniement ministériel.
Affectée au cabinet de l’Immigration et des Communautés culturelles au cours des huit dernières années, elle mentionne la destruction systématique de tous les dossiers qui ont suivi les départs de Lise Thériault, de Yolande James et de Kathleen Veil.
«Ce n’est pas par méchanceté, mais pour des raisons de protection de renseignements personnels», soutient-elle.
Un peu différent dans Fabre
Malgré que les dossiers personnels touchant des électeurs du comté de Fabre aient tous été retirés des classeurs, le nouveau député libéral, Me Gilles Ouimet, indique ne pas avoir été confronté à des filières vides en s’installant dans le local de l’ex-députée Michelle Courchesne, qui avait fait le choix de ne pas solliciter un renouvellement de mandat.
Me Ouimet reconnaît entretenir une «bonne relation» avec sa prédécesseure, qu’il qualifie au passage de «marraine politique».
Ne voulant surtout pas s’immiscer dans la transition qui s’est opérée entre MM. Paquet et Bureau-Blouin, ne connaissant pas l’état de la situation, Me Ouimet convient que «l’on doit, dans la mesure du possible et dans le respect de la loi, s’assurer de la meilleure transition possible dans l’intérêt de nos concitoyens».