La grande majorité des locataires des trois tours d’habitation du Domaine Bellerive seraient en faveur d’un amendement à la réglementation municipale, permettant l’exploitation commerciale de la nouvelle salle de banquets aménagée à grands frais, l’hiver dernier, par le locataire-exploitant, Groupe PMG.
Une «pétition» à cet égard a été déposée le 3 décembre dernier, en réaction à la décision prise par le comité exécutif de Ville Laval, le 24 octobre, de rejeter la demande du propriétaire de l’immeuble de modifier le zonage en vigueur.
Selon la secrétaire-trésorière de l’Association des locataires du Domaine Belle-Rive, Ginette Landry, près de la moitié des 1550 résidents ont été sondés et plus de 80 % d’entre eux sont favorables à ce que leur salle de réception accueille des groupes extérieurs.
Argumentaire
«C’est une salle formidable», a indiqué Claude Pothier, un locataire du 9e étage aucunement indisposé par les activités nocturnes animant cette salle de réception.
«Je ne vois pas pourquoi M. Morena [président du Groupe PMG] n’aurait pas son permis. Il nous a promis des avantages», a-t-il poursuivi lors de son intervention à la période de questions de la dernière séance du conseil de ville.
M. Pothier évoquait sans doute la mise à la disposition de la salle aux résidents du Bellerive en dehors des heures de location.
À l’Association des locataires du Domaine Belle-Rive, qui appuie sans réserve la démarche de la direction de l’établissement et du Groupe PMG auprès de la municipalité, on craint de perdre l’accès à cette salle si l’exploitant ne peut rentabiliser son investissement en la louant à des groupes privés.
En entrevue récemment au Courrier Laval, le vice-président de cette association, Pierre Richard, minimisait l’impact d’une telle autorisation.
Il plaidait que la saison des banquets est circonscrite à six mois par année et que, durant cette période, les réceptions se concentrent les jours de week-end, estimant ainsi le nombre à tout au plus une cinquantaine d’événements privés par année.
Pour sa part, le président du groupe PMG, qui détient dans le grand Montréal sept établissements en tenant compte de la salle de banquets du Domaine Bellerive, qu’il exploitait jusqu’à tout récemment illégalement, a fait valoir aux membres du conseil qu’autant les locataires de l’endroit ont «besoin» de cette salle de réception, autant il a «besoin» de louer à des gens de l’extérieur pour «faire marcher» la salle.
Mise en garde
Quant à Raynald Bernard, le locataire autour duquel s’est organisée la résistance au printemps dernier, il a rappelé aux élus municipaux que d’amender le règlement aurait pour effet de créer «un précédent» et ouvrirait la porte à l’exploitation commerciale des salles de réception dans tous les grands ensembles résidentiels.
En entrevue, M. Bernard a torpillé ce qu’il a qualifié de «pétition bidon», préférant parler d’un «sondage» d’opinion, où les locataires auraient été appelés à se prononcer «pour ou contre» une salle de réception.
Représentante de l’Association des locataires du Bellerive, Ginette Landry confirmait, le 10 décembre, que le libellé de la «pétition» signée par près de 700 locataires visait essentiellement à savoir si les gens étaient «d’accord ou non à ce qu’il y ait une salle de réception au Bellerive».
Ouverture
Membre du comité exécutif de la Ville qui a rejeté la demande initiale de changement de zonage, le 24 octobre dernier, Jocelyne Guertin a montré une certaine ouverture, en accueillant la «pétition».
Elle a d’ailleurs invité un partenaire d’affaires à M. Morena à «déposer une nouvelle demande» de changement de zonage.
«Si on va de l’avant, il y aura consultation et vote», a pour sa part assuré le maire Alexandre Duplessis.
Rappelons qu’une récente analyse menée par le Service d’urbanisme de Laval jugeait irrecevable cette demande.
«Le bruit, la circulation, les heures d’ouverture tardives et les comportements des utilisateurs» que peut engendrer une salle de banquets sont autant d’«importantes nuisances» susceptibles de compromettre la quiétude des résidents, faisait-on observer.
Parmi les autres motifs invoqués, on citait la terrasse extérieure attenante à la salle de réception avoisinant les cours arrière de résidences ayant pignon sur la 66e Avenue et une aire de stationnement insuffisante pour satisfaire aux exigences d’une salle de réception d’usage commercial.