La Corporation intégration à la vie active des personnes handicapées de Laval (CIVAPHL), qui vient en aide à une trentaine de jeunes par année, doit mettre fin à son projet «Vers l’emploi». Service Canada, qui exécute le programme Connexion compétences, ne renouvellera pas son appui financier pour 2011-2012, obligeant l’organisme à cesser ses activités, faute de ressources.
«On a appris cela le 24 mars dernier, alors que le lundi suivant, douze jeunes devaient débuter un nouveau programme», déclare Josée Massicotte, coordonnatrice de la CIVAPHL depuis cinq ans, qui ne cache pas sa déception. Cinq ans, c’est également le nombre d’années durant lesquelles Service Canada avait permis la réalisation du projet auprès de 150 personnes handicapées de la région.
Ce projet «Vers l’emploi» offrait des services collectifs, avec des rencontres et des conférences hebdomadaires, en plus de services individuels pour permettre aux participants de suivre des stages dans divers secteurs d’activités. «Beaucoup travaillait dans des organismes communautaires, des garderies, des friperies ou des commerces de détail. La durée des stages variait, mais c’était une demi-journée ou une journée par semaine, selon les fonctions d’accueil du milieu», explique Mme Massicotte.
Obligation de résultats ?
Alors que selon le bureau des relations avec les médias des Ressources humaines et développement des compétences Canada, la «proposition récente de l’organisme n’a pas satisfait aux objectifs du programme Connexion compétences», la coordonnatrice fait valoir que les obligations de résultats, imposées par le gouvernement, pénaliseraient aujourd’hui la CIVAPHL.
D’après Josée Massicotte, le bailleur de fonds exigerait un taux de réussite de 60 % pour un retour aux études ou sur le marché du travail. «Ce taux est impossible avec nos clientèles, on est a 10, voir 15 %, admet-elle, mais cette activité de travail les valorise, c’est déjà un résultat très satisfaisant, ils se sentent utiles.»
Conséquences
Gabriel, 24 ans, est atteint d’une maladie dégénérative du système nerveux.
Il fréquente la CIVAPHL depuis près d’un an et l’activité collective était devenue «une activité incontournable, pour lui», selon les dires de son père, Denis Bouchard. «Ils ont conduit un projet du début à la fin, avec la création d’un calendrier durant plusieurs mois», explique M. Bouchard, qui avoue avoir effectué plusieurs tentatives pour l’intégrer sur le marché du travail, en vain. «Depuis, on essaye de meubler son quotidien et les activités de l’organisme étaient valorisantes pour lui.»
Avec la perte de cette subvention, qui représentait plus de 60 % du budget global, l’organisme ne pourra poursuivre ses activités. Les deux employées à temps partiel seront mises à pied et la coordonnatrice ne pourra rester que six mois additionnels.
Ressources humaines et développement des compétences Canada affirme, par courriel, que «les représentants du Centre Service Canada local sont disponibles pour collaborer avec l’organisme afin d’élaborer une proposition qui répond aux besoins de la collectivité et satisfait aux objectifs du programme de Connexion compétences.»
Une cause à cœur
Touché par cette décision gouvernementale et parce que la CIVAPHL est le seul organisme à proposer ce type de service, selon Denis Bouchard, qui a contacté Mme Massicotte dès le lendemain de l’annonce.
En quelques jours, il a réussi à amasser 3000 $, assez pour maintenir les activités collectives et une agente de liaison à temps partiel, jusqu’en juin. Quelques mois de répit, qui permettront peut-être à l’organisme de trouver des alternatives afin de poursuivre leur action. En attendant, l’établissement émettra des reçus d’impôt à toute personne désirant faire un don.
Information: (450) 668-1429 ou www.civaphl.org.