Lors de la saison estivale, bien des choses fonctionnent au ralenti. C’est également le cas dans les locaux d’Un foyer pour toi, qui soutient les personnes aux prises avec une dépendance liée à l’alcool ou à la drogue.
«L’été, c’est plus facile. Tu cherches à te promener plus pour faire de l’argent. Les gens ont moins tendance à demander de l’aide durant la saison estivale», confirme Guylaine Robitaille, ancienne toxico, devenue intervenante au centre.
Plus calme, l’été
Et les chiffres d’admission le confirment. Si l’établissement lavallois a une capacité de trente usagers par deux semaines, en juin dernier, ils n’étaient que 34 contre 52 en novembre 2010.
«Les mois d’été passent plus vite que les mois d’hiver», ajoute Guylaine Robitaille. C’est d’ailleurs un 3 février 2003 qu’elle a sonné à la porte de l’établissement. «Je m’en souviendrai toute ma vie. C’est la date magique, la date où j’ai réappris à vivre», se souvient la femme de 47 ans.
Le resserrement des critères d’admissibilité serait également une des raisons de cet écart, comme l’explique Jacques Bernier, directeur général de l’entreprise d’économie sociale. «Pour les alcooliques, s’ils ont plus de sept consommations par jour, on les envoie à l’hôpital, alors qu’avant, on les accueillait. Ils ont besoin d’un suivi médical pour le sevrage, et ici, il n’y a pas de médecin.»
Descente aux enfers
Après avoir fumé de la marijuana pour la première fois à 19 ans, elle touche à la cocaïne à 25 ans. S’en suivront 13 ans de «descente aux enfers».
«Au début, on consomme pour s’amuser, puis après, c’est de l’esclavage. La drogue, ça t’amène au vol, à la prostitution; puis à la rue.» Issue d’une famille qu’elle qualifie de «dysfonctionnelle», l’intervenante voit la toxicomanie comme une maladie des émotions, maladie des blessures du passé non cicatrisées.
«J’étais morte, psychologiquement et physiquement»
Sa dernière année de toxicomane, Guylaine Robitaille la passera dans la rue.
«C’est le jour où on est rendu au bout du rouleau, qu’on demande de l’aide. Un foyer pour toi m’a aidée à reprendre la vie, car j’étais morte, psychologiquement et physiquement», relate-t-elle.
À l’époque, le centre possédait un volet de réinsertion sociale, dont elle a pu bénéficier. La femme, alors âgée de 38 ans, a été soutenue dans sa dépendance à la drogue, en plus d’exécuter 40 heures de travaux d’entretien par semaine, durant six mois. «Cela m’a vraiment redonné toutes mes valeurs, cela m’a fait découvrir des qualités et des forces que je ne pouvais pas imaginer que j’avais.»
De toxicomane à intervenante
Ces six mois de soutien lui auront également permis de trouver sa voie professionnelle.
«À la suite de cela, j’ai décidé d’aller suivre des cours d’orientation pour confirmer mon souhait de travailler dans le domaine.» Depuis sept ans, Guylaine Robitaille aide les usagers qui fréquentent le centre.
Un soutien collectif et individuel
En plus des rencontres individuelles ou collectives et des ateliers, les personnes aux prises avec une dépendance sont hébergées et nourries durant une quinzaine de jours.
«En tout, ils ont 27 ateliers, comme la gestion de la colère, le processus de changement. Ils font aussi des exercices physiques tous les matins. Tout cela afin de permettre à la personne de se reconnecter avec elle-même», précise Jacques Bernier.
Une phase nécessaire puisque 20 % de la clientèle souffre de problème de santé mentale et 16 % sont des itinérants.
Malgré ce travail, beaucoup ne s’en sortent pas. Selon elle, le taux de réussite n’est que de 25 %. Aujourd’hui, elle se dit fière de pouvoir donner de l’espoir.
«J’ai demandé à Dieu que toutes mes souffrances ne soient pas inutiles», conclut Guylaine Robitaille.