«Avec un code vestimentaire, une école peut imposer à ses élèves des vêtements types, comme un chandail et un pantalon d’une certaine couleur ou proscrire par exemple les chandails bedaine ou ceux ayant un message violent ou encore la casquette», indique Bernard Jacob, avocat spécialiste en droit scolaire. À la Commission scolaire de Laval (CSDL), la grande majorité des 82 établissements ont opté pour un code vestimentaire. Selon la présidente de la CSDL, Francine Charbonneau, seule l’école primaire Fleur-de-Vie, à Laval-Ouest, a fait le choix d’un code vestimentaire qui tend plutôt «vers un code de couleurs».
Pensée magique
Professeur au département d’éducation et formation spécialisées de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Gérald Boutin soutient qu’il relève de la pensée magique de croire que le port de l’uniforme est la solution miracle au problème de taxage, de discrimination et d’hypersexualisation. «Qu’un CE décide d’avoir un uniforme, c’est ok, mais il ne doit pas penser que les problèmes s’arrêteront, explique-t-il. Il ne faut pas oublier que les jeunes sont le reflet d’une société où leurs parents s’habillent comme ils le souhaitent et qu’à cet âge le besoin de justice est très présent.»
Ce professeur laisse également entendre que les écoles laissant une liberté aux parents d’acheter l’uniforme de leur enfant dans un magasin à grande surface au lieu du fournisseur proposé ne règlent en rien le problème de discrimination. «Celui qui arrive avec un polo de troisième qualité sera tout aussi discriminé et les plus riches auront toujours un petit quelque chose de plus, que ce soit une montre ou un bijou, laissant voir qu’ils viennent d’une famille plus aisée », confie-t-il, ajoutant que la baisse de taxage souvent escomptée part le port de l’uniforme est illusoire. «Ça se fait, de toute façon, bien souvent à l’extérieur du terrain de l’école», lance-t-il.
Le directeur le l’école Odyssée-des-Jeunes, Sylvain Chaput, explique toutefois que le port de l’uniforme par ses élèves permet de retracer facilement les intrus qui tentent de pénétrer le territoire de l’école.
S’attaquer aux vrais problèmes
Pour Gérald Boutin, le code vestimentaire, à l’opposé de l’uniforme, est l’élément essentiel pour débattre lucidement de la question de la tenue vestimentaire. «Il serait plus valable d’imposer un code vestimentaire et d’en profiter pour aborder la façon de se vêtir de manière décente avec les jeunes tout en exprimant leurs goûts», affirme-t-il. S’aveugler des effets positifs de l’uniforme fait que plusieurs passent, selon lui, à côté des vrais problèmes que connaît le milieu de l’éducation. «L’uniforme, c’est une solution de surface par rapport à d’autres problèmes comme la baisse constante des résultats scolaires, conclut-il. Et il faut garder en tête que tout retour en arrière, quand il est excessif, gomme tout ce qui s’est fait de bon avec les solutions miracles.»