Avec un taux de survie de 100 % depuis le début du projet, on est loin de l’époque où il n’y avait pas de salle d’hémodynamie à la Cité-de-la-Santé. Avant l’implantation de ce service en 2007, il arrivait que des patients décèdent dans le garage de l’hôpital au moment de leur transfert vers un établissement ayant l’équipement.
Dans le cadre du projet IPIM, les paramédics d’Urgences-Santé ont suivi une formation afin de savoir utiliser et lire les résultats de l’électrocardiographie préhospitalière. Lorsqu’ils constatent qu’il s’agit d’un infarctus aigu du myocarde, alors qu’ils sont encore au domicile du patient, ils préviennent l’hôpital afin que l’équipe médicale se prépare à recevoir le patient.
47 minutes
Le 22 juin, les responsables de l’hôpital et ceux d’Urgences-Santé ont fait une démonstration du protocole, à l’intention des médias. Au cours de la rencontre qui a précédé, tous les intervenants ont rappelé que le temps d’intervention est un élément central dans la survie et la qualité de vie des personnes victimes d’un infarctus.
Dr François Gobeil, directeur du laboratoire d’hémodynamie, souligne que la littérature médicale recommande un délai de moins de 90 minutes entre l’arrivée du patient à l’urgence et le déblocage de l’artère cardiaque en salle d’hémodynamie. Depuis l’implantation d’IPIM, les responsables ont observé un délai d’intervention de 47 minutes. «Le temps, c’est du muscle et du muscle c’est de la survie», insiste Dr Richard Essiambre, chef du Service de cardiologie en indiquant que chaque 15 minutes sauvées réduit les risques de mortalité de 1 %. Tout en rappelant qu’un infarctus du myocarde est une maladie qui tue, il rappelle l’importance de poser un diagnostic rapidement, afin d’intervenir sans délai.
Dans un souci de sauver le plus de temps possible, les ambulanciers descendent même le patient à la salle d’hémodynamie sur la civière de l’ambulance. À ce moment, l’équipe médicale prend le patient en charge. Par la suite, l’angioplastie coronarienne, c’est-à-dire la dilatation d’une artère à l’aide d’un cathéter ballon, prend environ une heure.
Depuis l’implantation d’IPIM à la Cité-de-la-Santé, Urgences-Santé a étendu le projet à tout le territoire qu’elle dessert.
Le 18 avril, en début de soirée, Doris Demers, 84 ans, s’est subitement sentie mal. La résidente de Duvernay est montée à l’étage pour s’étendre parce qu’elle avait des nausées. Se sentant vraiment indisposée, elle s’est couchée sur le sol de la salle de bains. «Mon mari a appelé le 911. Je n’aurais pas été capable de le faire», raconte la dame qui a assisté à la simulation en compagnie de ses filles.
Du garage de l’urgence à la salle d’hémodynamie, la dame a tout suivi avec beaucoup d’intérêt. L’un des ambulanciers qui l’ont sauvée, Patrick Beaudouin, participait d’ailleurs à la reconstitution. Une fois dans la salle d’hémodynamie, Mme Demers a pu voir le Dr Gobeil «à l’œuvre». À plusieurs moments durant la simulation, elle a jeté des regards admirateurs au médecin. «C’est son sauveur», dit l’une de ses filles.
L’intervention de Mme Demers a été réalisée 39 minutes après son arrivée à l’hôpital.
Dr Richard Essiambre regrette qu’encore aujourd’hui, trop de gens sous-estiment les premiers signes d’un infarctus en croyant qu’il s’agit de maux d’estomac ou d’indigestion.
Rappelons que le premier symptôme d’un infarctus est une douleur écrasante dans la poitrine qui peut faire l’effet d’une brûlure, d’un serrement ou d’une oppression. Ce malaise peut être accompagné d’une douleur au bras gauche, au cou, à la mâchoire ou au dos. La personne peut également être essoufflée, avoir de la difficulté à respirer, des nausées, des vomissements, des sueurs et de l’anxiété. «Quand quelqu’un a des douleurs cardiaques, il devrait toujours faire le 911», conseille Sylvie Savoie, assistante-infirmière-chef en hémodynamie.