Une rentrée où planait le spectre de la Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges du Québec, qui incidemment débutait le jour même sa quatrième semaine d’audiences publiques.
La juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Élizabeth Corte, l’a évoquée une première fois lors de son allocution, en précisant à la communauté juridique lavalloise qu’il ne fallait pas «se laisser miner par le contexte actuel».
D’entrée de jeu, la juge Corte a clairement signifié que la présente «rentrée se fait à la lecture de sondages de l’opinion publique sur la compétence des juges et sur la confiance du public à leur égard et à l’écoute des reportages sur le processus de nomination des juges. Nous entreprenons une nouvelle année judiciaire avec tous les yeux tournés vers la magistrature».
Le bâtonnier renchérit
Le bâtonnier de Laval, Me Thierry Usclat, a abondé dans le même sens, concédant que «cette année, la rentrée judiciaire revêt un caractère plus préoccupant» que par le passé.
«Nous savons tous que notre cote de popularité et la confiance que nous porte le public est loin d’être la meilleure et ce, malgré le travail exceptionnel que la plupart d’entre nous accomplissons», a-t-il dit avant d’ajouter que «les derniers mois, qui ont été difficiles pour notre système judiciaire et pour nous tous, n’ont sûrement pas contribué à la faire augmenter». À cet égard, explique la juge en chef de la Cour du Québec, il n’y a qu’une chose à faire et ce sera « business as usual »: «Nos juges continueront ce qu’ils ont toujours fait, rendre justice tous les jours avec intégrité et impartialité et continuer à participer à l’effort collectif afin d’améliorer notre système de justice.»
Priorités régionales
Président du Barreau de Laval, Me Usclat a dévoilé un programme qu’il veut rassembleur auprès de ses 712 membres, programme qui se décline en trois axes favorisant la formation, le soutien aux avocats et la revalorisation de la profession.
Trois priorités, dit-il, qui s’inscrivent dans le plan stratégique du Barreau du Québec et qui contribueront à améliorer la confiance du public envers les avocats.
Outre des journées d’étude, notons entre autres la relance du programme de mentorat et du journal du Barreau de Laval, sous forme de bulletins électroniques.
Pour rapprocher le public de la profession, le Barreau de Laval tiendra des consultations gratuites au palais de justice et à la Place des aînés de même que des séances d’information gratuites en matière de petites créances.
Pour une plus grande accessibilité
«La justice est un pilier de notre société démocratique», avait rappelé plus tôt le bâtonnier du Barreau du Québec, Gilles Ouimet.
Affirmant que ce secteur est tout aussi important que la santé et l’éducation, Me Ouimet, dénonçant au passage un sous-financement par rapport à l’Ontario, revendique une plus grande accessibilité à la justice.
Il rejoignait ainsi le juge de la Cour supérieure du Québec et président d’honneur de la rentrée des tribunaux à Laval, Me François Rolland. Ce dernier, en ouverture d’assemblée, signalait que plus du tiers des personnes impliquées à une procédure à la Cour supérieure se représentaient seules. «Cette proportion est de 41 % en matière familiale et de 31 % en matière civile, alors que [dans ce dernier cas] c’était 20 % il y a à peine dix ans.»
Après avoir pris soin de rappeler le rôle essentiel que joue l’avocat dans une société de droit, le juge Rolland estimait «très périlleux pour une partie impliquée à une procédure de se représenter seule».