À quelques jours de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus, le Courrier Laval a rencontré des gens s’impliquant dans le transport des organes, ainsi que Denis Chicoine, un greffé du cœur.
C’est le début de l’année 2013. Alexis Toutant, un policier du Service de police de Laval, reçoit un appel du chef d’opération du quartier général. Il y a un donneur d’organes compatible à l’hôpital Royal Victoria avec une personne en attente d’une greffe à Sainte-Justine.
Il quitte rapidement son domicile de Mirabel afin d’aller récupérer le véhicule de police identifié par l’Association canadienne des dons d’organes (ACDO), au quartier général du boulevard Chomedey. Le temps est calculé, et il doit y être dans l’heure et demie suivant l’appel.
Alexis Toutant fait partie des 29 policiers à être aux commandes du transport de dons d’organes et de tissus à Laval. Un maillon important dans la chaîne logistique de la transplantation d’organes. Un rôle qui lui tient à cœur, d’autant plus que l’activité est entièrement bénévole. «Je fais ça par dévouement. J’y crois, je veux donner à la communauté, confie-t-il. Ça m’apporte un sentiment d’accomplissement. Et ça donne aussi une certaine dose d’adrénaline.»
En 2012, 364 personnes du Québec et de l’extérieur de la province ont pu bénéficier d’une transplantation grâce aux 120 donneurs d’organes québécois. À Laval, ce sont 18 personnes l’an dernier qui ont pu reprendre leurs activités quotidiennes à la suite d’une greffe. À lui seul, un donneur peut contribuer à sauver huit vies.
Partir de Laval vers des destinations lointaines
«Les transports se font presque toujours pour aller à l’extérieur de Laval, explique Claire Vézina, coordonnatrice des ressources informationnelles du 911. Tout d’abord, nous recevons un appel de Transplant Québec. Ensuite, nous regardons la liste de disponibilités des policiers».
C’est la chef de groupe qui voit à ce que l’horaire de travail du policier n’entre pas en conflit avec son activité bénévole. L’information de l’assignation lui est transmise une fois sur place, et une confirmation est signalée à Transplant Québec. Le policier peut débuter son trajet, souvent vers un centre hospitalier, et le 911 reste en constante communication avec lui sur la route.
Être policier bénévole pour l’ACDO rime parfois avec de longs déplacements, à plus de mille kilomètres du point de départ, à Laval. «Le plus loin que je suis allé, c’est à Québec», raconte M. Toutant. L’affectation peut s’étendre sur quelques heures: il est possible pour les policiers d’attendre sur les lieux le temps de la transplantation, pour ensuite ramener le personnel médical à bon port.
Une formation en conduite d’urgence
Alexis Toutant en est à son troisième transport de dons d’organes depuis l’été 2012. Son implication à l’ACDO nécessite de bons réflexes au volant, car le délai entre le prélèvement de l’organe et la greffe doit être le plus court possible.
«Il faut absolument la formation en conduite d’urgence qu’on obtient avec la police, explique-t-il. Heureusement, j’ai toujours eu de bonnes conditions météo lors des transports de dons d’organes que j’ai effectués, et la circulation était aussi toujours bonne. Mais ce ne peut pas constamment être le cas, surtout en hiver…»
Le contenu de la boîte
En général, les policiers n’ont pas d’information sur le type d’organe qui lui est confié. Toutefois, Alexis Toutant avait une petite idée de ce qu’il y avait dans la boîte qu’il transportait jusqu’à l’hôpital Sainte-Justine, lors de sa dernière affectation. «Avec les discussions du personnel pendant qu’on roulait, j’ai su que je transportais un cœur pour un enfant.»
Le policier bénévole est presque toujours accompagné en route par une équipe de prélèvements des organes et de tissus. «La première fois que j’ai été appelé pour un transport d’urgence, à l’été 2012, c’était pour aller chercher une équipe à Royal Victoria, afin de l’amener à l’aéroport de Dorval, pour qu’elle puisse prendre un avion privé». Dans certains cas, les policiers peuvent aussi être appelés à prendre l’avion avec le personnel médical vers un centre hospitalier.
Tout laisser pour un transport
Cette activité a inévitablement un impact sur la vie familiale des policiers qui s’impliquent auprès de l’ACDO. «Pour ma part, ma conjointe comprend bien, ajoute Alexis Toutant. Elle travaille dans un hôpital, et elle est intéressée par tout ce processus.» Pas question pour lui de manquer une occasion de faire partie de cette série d’actions menant à la transplantation. «Si je suis appelé pour faire un transport pendant une journée de congé, je vais accepter, même si je n’en ai pas beaucoup», ajoute-t-il.
Du bénévolat en uniforme de travail
Le policier assigné à un transport de dons d’organes doit porter son uniforme de travail, y compris son arme, même s’il n’est pas en service. « On peut être appelé à intervenir peu importe la situation. Certains travaillent en civil, mais ils sont toujours identifiés», explique M. Toutant.
À Transplant Québec, on reconnaît particulièrement le travail des policiers lavallois au sein de l’Association canadienne des dons d’organes. «C’est une chaîne d’opérations successives qui doit se faire dans un certain ordre», explique Brigitte Junius, responsable des communications de Transplant Québec.
La Semaine nationale du don d’organes et de tissus se tiendra du 21 au 28 avril. En cette occasion, la Ville de Laval déploiera le drapeau officiel de l’événement devant l’hôtel de ville. (Journaliste: Caroline Lévesque)
Autre texte à lire: Une greffe du coeur: Le don d’une vie
Organes transplantés provenant de donneurs du Québec, par organe, en 2012
Coeur 43
Poumons 75
Foie 90
Pancréas 13
Intestin 0
Rein 196
Total des organes transplantés 417 (Source: Transplant Québec)
Nombre de citoyens de Laval transplantés, par type ou combinaison d’organes, en 2012
Cœur 1
Poumons doubles 3
Foie 8
Rein 6
Total de personnes 18
Nombre de Lavallois en attente d’une transplantation en date du 31 décembre 2012 71 (Source: Transplant Québec)
Au Québec
Nombre de donneurs en 2012 120
Nombre de personnes transplantées en 2012 364
Nombre de personnes en attente d’une transplantation en 2012 1250 (Source: Transplant Québec)