Promoteur d’un des trois projets de tours d’habitation controversés au pourtour de l’ancienne marina Commodore, Charlie Migliara fait contre mauvaise fortune, bon cœur.
Devant le tollé de protestation, le jeune entrepreneur a choisi de retourner à la table à dessin et de revoir à la baisse son projet qui, par ailleurs, avait obtenu toutes les autorisations nécessaires du Service de l’urbanisme, du comité exécutif et du conseil de ville.
Or, la tour de 9 étages et de 50 unités qu’il projetait au 222, Lévesque est réduite de plus de la moitié. On parle maintenant d’un immeuble de 4 étages et de 24 logements.
Conscient que la rentabilité de son projet s’en trouvera fortement diminuée, M. Migliara vit très bien avec sa décision. «Même si d’autres entrepreneurs vont penser que je suis fou, je suis content du move que j’ai fait», confie-t-il en entrevue au Courrier Laval.
Bon citoyen corporatif
Loin d’avoir été décidé sur un coup de tête, le choix d’un «plan B» était dans les cartons depuis quelques mois, fait valoir Charlie Migliara.
Il explique que sa réflexion était déjà «très avancée» lorsqu’il a pris connaissance du dépôt d’une pétition signée par quelque 1600 citoyens et l’engagement formel de la mairesse de revoir chacun des trois projets immobiliers avoisinant la marina.
«Ma clientèle est formée à 95 % des résidents du quartier, dit-il. J’avais déjà une bonne idée de ce qu’ils voulaient.»
Nonobstant le fait que le nouveau zonage en vigueur n’impose aucune limite quant à la hauteur des immeubles, il reconnaît que les citoyens ont «un mot à dire» dans le développement de leur quartier et l’importance de bien s’intégrer à la communauté.
Aujourd’hui, il concède que son nouveau projet s’harmonise davantage avec le voisinage.
Un risque
Au moment de renoncer à sa tour de 9 étages et de la vue qu’elle offrait sur la rivière, le promoteur du 222 Lévesque avait déjà vendu 40 % de son projet.
«Je savais que je prenais un grand risque», indique celui qui a vu près de la moitié de ses acheteurs résilier leur contrat, lesquels ont tous récupéré leur mise de fonds, s’empresse-t-il d’ajouter.
En revanche, il se console à l’idée qu’une majorité de clients voit d’un bon œil la réduction du projet.
«Au début, la hauteur [de la tour] était un plus», mentionne M. Migliara, qui a ouvert son bureau des ventes en octobre dernier. Mais rapidement, l’envergure du projet est devenue source d’inquiétude auprès des acheteurs potentiels qui se faisaient de plus en plus rares, nommément en raison des «scandales» qui ont défrayé la manchette en 2013 et de la grogne citoyenne qui en a résulté à Laval.
Livraison en 2014
En limitant son projet à quatre étages, Charlie Migliara croit pouvoir obtenir son permis de construire dès l’automne pour procéder aussitôt à la mise en chantier.
«La plupart des acheteurs ont l’intention d’emménager en 2014», signale-t-il, convaincu qu’ils seront séduits par ce projet plus modeste.
Incidemment, il tiendra le 24 août en après-midi une porte ouverte sur le site du 222, Lévesque, où il dévoilera les plans du futur immeuble de quatre étages.