Dans un classement où les premiers sont les derniers, Laval domine les 10 grandes municipalités québécoises au chapitre des dérivations d’eaux usées des stations d’épuration et se classe 3e en termes d’intensité des déversements par habitant.
Voilà ce qui ressort du palmarès 2023 rendu public par la Fondation Rivières, le 21 novembre dernier.
Dérivations
Passant généralement sous le radar, une dérivation consiste à détourner une partie des eaux d’égout des stations d’épuration lorsque leur capacité maximale de traitement est atteinte.
«Ces rejets, bien que pouvant être partiellement traités, représentent des volumes importants d’eaux usées et ont un impact délétère sur l’environnement», précise la Fondation Rivières.
L’an dernier, à Laval, le ministère de l’Environnement a recensé 251 dérivations aux 3 stations d’épuration pour une durée moyenne de 8,4 heures par épisode de contournement. Cela représente un total de 2100 heures, soit l’équivalent de 88 jours de dérivations continuelles.
Derrière Laval, Lévis et Québec arrive 2e et 3e dans la mise en rang des grandes villes aux prises avec les stations de traitement d’eaux usées les plus défaillantes, comptant à leur actif respectivement 230 et 160 dérivations en 2023.
À l’autre bout du spectre, les usines d’épuration de Montréal n’ont subi aucune dérivation et celles de Terrebonne en ont connu une seule.
À proximité d’une prise d’eau potable
Fondation Rivières signale que les eaux usées dérivées de la station d’épuration de Fabreville se retrouvent dans la prise d’eau de l’usine de production d’eau potable de Ste-Rose et que leur impact est «beaucoup plus important» que tous les déversements des 15 ouvrages de surverses sur les 10 km qui séparent les deux stations.
«Il y a eu 90 jours de dérivation à [la station] Fabreville, soit environ le double du nombre total de surverses dans le secteur étudié. Ces dérivations ont duré environ 10 fois plus longtemps», précise en entrevue au Courrier Laval le conseiller en valorisation de données et qualité de l’eau, Gabriel Cliche.
Cela dit, cette situation ne compromet en rien la qualité d’eau potable produite à l’usine de Sainte-Rose comme en fait foi l’attestation 5 étoiles que lui renouvelle depuis 13 ans Réseau Environnement.
«C’est très rare que des débordements et déviations vont affecter la qualité de l’eau potable», reconnaît M. Cliche, qui précise que le dosage des produits chimiques est ajusté en conséquence aux différentes étapes de la filière de traitement, ce qui peut toutefois entraîner une hausse de coût importante pour la municipalité, glisse-t-il au passage.
Cinq déversements par jour
À Laval, le réseau d’égout menant aux stations d’épuration de Fabreville, Auteuil et Lapinière est jalonné de 152 ouvrages de surverses qui agissent comme des disjoncteurs. Lorsque le débit d’eau excède ce que le réseau est capable d’absorber, les ouvrages délestent dans la nature le trop-plein.
En 2023, on a enregistré 1747 débordements d’une durée moyenne de 5 heures. Faites le calcul!
Selon l’indice de l’intensité des déversements, qui tient compte de la durée des surverses et de la taille des ouvrages qui débordent, Laval affiche la 3e pire performance des 10 grandes villes derrière Longueuil et Trois-Rivières.
Développée par la Fondation Rivières, cette unité de mesure permet de dresser un palmarès des villes les plus et les moins performantes en termes d’assainissement des eaux usées, alors qu’il suffit de normaliser les données par le nombre d’habitant.
Ainsi, l’indice d’intensité des déversements d’eaux usées par habitant révèle une situation 5 fois pire à Laval qu’à Terrebonne et 4,5 fois pire qu’à Montréal.
Fondation Rivières rappelle que ces débordements affectent les espèces aquatiques et, plus largement, la biodiversité en plus de réduire les sites de baignade et les activités nautiques en rivière.
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