Depuis le début de la journée, ce jeudi 23 mai, des dizaines d’étudiant.e.s de l’école secondaire Curé-Antoine-Labelle manifestent devant leur école contre l’application aléatoire et discriminatoire du code vestimentaire.
Talie Cloutier est étudiante en secondaire 5 à l’école située dans le quartier de Sainte-Rose. Depuis trois ans, elle fréquente cet établissement scolaire et aucun intervenant.e ne l’avait apostrophée concernant le respect du code vestimentaire… avant ce mardi 21 mai.
«Après 3 ans de silence, la direction de l’école a décrété que cette semaine était le moment opportun pour commencer à avertir les élèves sur la longueur de leurs shorts, déclare l’étudiante lavalloise. Il faut prendre en note que les élèves concernés par ces nouvelles démarches sont presque en totalité des filles. Les shorts que nous portons en tant qu’élèves couvrent notre corps de façon respectable et ne laissent rien paraître d’inapproprié.»
Vérification
Ce mardi 21 mai, les élèves et leurs parents ont été avisés que la direction de l’école Curé-Antoine-Labelle comptait, à partir de maintenant, respecter à la lettre le code vestimentaire inscrit au code de vie.
De ce fait, à la fin de la première période, ce mercredi 22 mai, des techniciennes en éducation spécialisées (TES) sont entrées dans les classes et auraient demandé que toutes les filles en shorts se lèvent et sortent.
Les jambes des filles qui sont demeuré assisses ont été méticuleusement observées également.
Qu’en est-il des garçons? Aucune attention ne semble leur avoir été portée.
Après être sorties devant tous leurs camarades de classe, les filles portant des shorts ont été amenées aux bureaux des TES afin que ces dernières jugent de la taille respectable du vêtement.
«Honnêtement, c’est dégradant et humiliant. Ça nous fait sentir inférieures. On a l’impression qu’ils nous envoient le message: »vous êtes des filles, donc vous n’avez pas votre mot à dire et vous êtes moins importantes que les garçons ». […] On se sent comme des objets.»
-Talie Cloutier, étudiante de secondaire 5 à l’école Curé-Antoine-Labelle.
Suite à cet examen, près d’une centaine d’étudiantes ont été renvoyées à la maison afin qu’elles se changent, comme leur vêtement avait été étiqueté inacceptable. La plupart d’entre elles ne sont pas revenues en cours cette journée, en guise de protestation.
Mobilisation
Interpellés quant à cette demande adressée exclusivement aux étudiantes féminines, les garçons ont commencé à raccourcir leurs shorts par solidarité. Toutefois, sur les quelques 200 adolescent.e.s avertis, seulement une poignée étaient de genre masculin.
«C’est une mesure complètement injuste, considérant que les garçons ne sont pas affectés par cette nouvelle mesure appliquée par la direction de l’école, soulève Talie. L’école renvoient les filles qui portent des shorts chez elles pour qu’elles se changent, mais elle laisse les garçons porter ce qu’ils veulent.»
Pour cette raison, plusieurs étudiant.e.s se sont mobilisés spontanément mercredi soir pour manifester toute la journée à l’école, ce jeudi 23 mai.
Dans les temps forts, ce sont environ 200 élèves qui étaient devant l’école, en guise de protestation. Les jeunes comptent poursuivre leur manifestation jusqu’à la fin de la journée afin d’avoir une réponse de la direction quant au sexisme dont elle fait preuve dans son application du code vestimentaire.
Code de vie
Selon l’étudiante lavalloise, les TES de l’école déterminent aléatoirement les tenues acceptables ou non, comme il n’y a pas de mesure claire écrite au code de vie, ni de procédure établie qui leur ait transmise.
Dans le code de vie 2023-2024 de l’école secondaire, on peut lire: «les pantalons et bermudas sont portés à la taille, les bermudas légèrement au-dessus du genou».
L’année dernière, cette mesure se lisait plutôt: «les pantalons et bermudas sont portés à la taille».
Le Centre de services scolaires de Laval (CSSL) affirme qu’aucune modification n’a été apportée au code vestimentaire de l’établissement récemment. L’arrivée de la température plus chaude est plutôt derrière cette décision de la direction d’appliquer fermement le code de vie.
«Les jupes ou bermudas sont permis s’ils sont similaires à celui offert chez le fournisseur officiel et doivent être portés minimalement près du genou, ou un peu en haut de celui-ci», écrivait Stéphane Côté, directeur de l’école Curé-Antoine-Labelle, aux parents de ses étudiant.e.s, plus tôt cette semaine.
Dans la foulée, il a également précisé que les shorts de basketball fournis par l’école sont conformes à ce règlement, mais que ceux de futsal ou de volleyball ne s’y prêtent pas, comme «ces vêtements sont remis aux élèves pour le parascolaire et non pour être un vêtement de tous les jours».
Selon Talie, le règlement de l’école et la façon de le mettre en œuvre devraient être plus spécifiques afin d’éviter toute forme de discrimination envers les élèves.
«Je comprends pourquoi la règle est là, mais c’est la façon dont la règle est appliquée qui est un peu ridicule», s’insurge-t-elle, avant d’ajouter que la direction n’a jamais réussi à répondre aux interrogations de ses élèves en ce qui à trait à la sélection genrée des candidates évaluées pour la longueur de leurs shorts.
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