Une pétition de 553 signatures a été déposée à la séance du conseil du mois d’avril, réclamant «des mesures immédiates» visant le resurfaçage du boulevard des Mille-Îles sur une distance de deux kilomètres à l’ouest de l’autoroute 25.
Le pétitionnaire Jacques Rodier a illustré l’urgence de la situation en évoquant des histoires de «roues cassées», d’«enfants blessés», de «doigt arraché» et d’«autos brisées».
«L’an prochain»
Dans les heures précédant son intervention à la période de questions réservée aux citoyens, il a dit avoir reçu «comme par magie» deux courriels de la Ville de Laval, l’informant que les travaux de réfection demandés auraient lieu l’an prochain.
«Ça fait 20 ans qu’on me dit que l’an prochain, ils vont venir faire la réparation, a-t-il pesté. Nous demandons que ce soit fait cette année».
M. Rodier a notamment fait allusion à des budgets supplémentaires fraîchement débloqués par la Municipalité.
De fait, en mars dernier, le conseil municipal a bonifié l’enveloppe prévue pour la reconstruction et la réhabilitation de la chaussée, laquelle est passées de 9,9 à 25 millions de dollars en 2024.
«Je ne peux pas croire qu’on ne peut pas faire [les travaux] en 2024», a réagi la conseillère municipale de Saint-François, Isabelle Piché, en entrevue au Courrier Laval, le 2 mai. «Je suis un petit peu découragée quand je vois ça», poursuit celle qui dit comprendre la «frustration» des citoyens.
Priorisation
Lors de l’assemblée, le maire Stéphane Boyer a expliqué la procédure entourant le plan d’intervention en infrastructures routières locales. «Des inspecteurs circulent sur les 1600 kilomètres de rues de Laval pour noter de 0 à 100 l’état des routes», ce qui permet d’identifier et de prioriser celles qui se trouvent «dans un plus piètre état».
Cela dit, M. Boyer a indiqué que «les équipes» étaient plus efficaces que jamais à la Ville, lui qui a «bon espoir» que le boulevard des Mille-Îles soit repavé en 2025.
Il en veut pour preuve le taux de réalisation record de 97 % des investissements qui avaient été projetés en 2023. Sous l’administration de Gilles Vaillancourt, la Ville ne réalisait que 45 % des investissements prévus au Programme triennal d’immobilisations (PTI), a-t-il rappelé.
Dégradation accélérée
À la lumière des résultats de l’exercice d’auscultation des chaussées menée en 2020 par le Service de l’ingénierie, la portion du boulevard des Mille-Îles située à l’ouest de l’autoroute 25 n’avait pas été retenue pour les travaux de resurfaçage projetés en 2024 ni même en 2025, explique la conseillère de l’opposition Isabelle Piché.
D’après les informations qu’elle tient de la Direction générale, la détérioration du boulevard se serait depuis accélérée. Sur une échelle de 100, la mise à jour des cotes de dégradation effectuée l’année dernière révèle un indice de l’état de la chaussée oscillant entre 26 et 40 (100 étant une note parfaite), selon les sections du boulevard comprises entre la rue Levasseur et la voie autoroutière.
À cet égard, Mme Piché mentionne avoir obtenu l’assurance du directeur général Benoît Collette que ces deux kilomètres de route seront resurfacés l’an prochain.
Choix discutables
Résident du boulevard des Mille-Îles depuis 20 ans, Jacques Rodier questionne le sens des priorités des dirigeants en matière de resurfaçage.
«L’année passée, ils sont venus refaire quelques centaines de mètres entre la rue Lanctôt et Levasseur», relate celui qui habite le long de ce tronçon de 350 mètres. «Un endroit qui, étrangement, n’en avait pas nécessairement besoin. La machinerie était là, c’aurait été une affaire de rien de poursuivre jusqu’à l’autoroute 25, mais ils n’avaient pas les budgets», poursuit-il.
M. Rodier fait valoir que le boulevard des Mille-Îles est une «autoroute de vélos durant la belle saison, mais une autoroute hyper dangereuse» considérant que «les cyclistes sont obligés de rouler au centre de la voie» en raison des trous et de l’affaissement de la chaussée de part et d’autre de celle-ci.
«C’est un peu étrange quand on voit les fortunes qu’ils mettent pour des pistes cyclables inutilisées aux alentours du boulevard Saint-Martin alors qu’ici, un des endroit les plus fréquentés par les cyclistes, il n’y a pas un sou pour sécuriser la route et la rendre accessible aux vélos», déplore-t-il.
175 photos
La pétition est appuyée par 175 photos numériques répertoriant les fissures, nids-de-poule et affaissements observés ce printemps sur le boulevard des Mille-Îles, mettant d’autant à risque les «automobilistes, motocyclistes, cyclistes et piétons» vu l’intense trafic aux heures de pointe, souligne M. Rodier, qui craint le pire si rien n’est fait. «C’est pour ça qu’on a pris les photos», a-t-il confié au Courrier Laval.
Chantier de 75 M$
À la séance municipale le mois dernier, le maire Boyer a indiqué que le boulevard des Mille-Îles demeure au cœur des préoccupations de son administration.
Les 10 kilomètres compris entre l’autoroute 25 et l’extrême pointe est de l’île Jésus feront d’ailleurs l’objet du «plus gros chantier» d’ici les 5 à 8 prochaines années à Laval, a-t-il affirmé.
Estimés à 75 M$, ces travaux consisteront essentiellement à stabiliser le talus des berges que longe le boulevard et à réaménager la géométrie de ce tronçon routier en y implantant une piste multifonctionnelle pour la mobilité active et des haltes routières pour piétons et cyclistes.