Le Québec est passé sous la barre des 1400 sur l’ensemble de son territoire après la cessation des activités de deux autres résidences pour aînés (RPA).
Celles-ci s’ajoutent à un bilan difficile pour l’année en cours, puisqu’il y a désormais 92 RPA de moins dans la province qu’à pareille date l’an dernier. Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) déplore cette situation en rappelant que la province comptait près de 2300 RPA en 2008.
Selon l’organisation, trois facteurs expliquent cette hécatombe.
«La certification et la réglementation croissante depuis une décennie ont complètement transformé notre secteur et causé plus de 1000 fermetures, note Marc Fortin, président-directeur-général du RQRA, par communiqué. Toutes les exigences pour accroître la sécurité dans les bâtiments et dans les pratiques en RPA augmentent leurs dépenses. Cependant, contrairement aux autres secteurs économiques, l’augmentation nécessaire de leurs revenus est limitée par le contrôle des loyers.»
Les enjeux de main-d’œuvre constituent un deuxième facteur déterminant qui afflige les RPA.
La pénurie, la hausse des salaires, l’accès difficile aux formations, la concurrence provenant du réseau public de la santé, le recours inévitable aux agences de placement, les obstacles à l’embauche de travailleurs étrangers, ainsi que la hausse des besoins de la clientèle en perte d’autonomie ont rendu la gestion d’une RPA extrêmement complexe et coûteuse.
Le troisième facteur contribuant aux fermetures de RPA est financier.
«Depuis la fin de la pandémie, l’inflation pour les biens et services achetés par les RPA a explosé, à partir de 2021, de même que les taux d’intérêt hypothécaires, à compter de 2022, peut-on lire dans le communiqué du RQRA. Les primes d’assurance grimpent. Aussi, la SCHL [Société canadienne d’hypothèques et de logement] et les institutions financières ont considérablement resserré leurs critères de financement ou de refinancement de RPA.»
Rappelons que les augmentations de loyer sont limitées à un niveau inférieur à l’évolution des dépenses des RPA au moyen du Règlement sur les critères de fixation de loyer et de certaines dispositions du Code civil du Québec. Les aînés ont peu de marge de manœuvre pour payer plus, malgré une hausse de leur crédit d’impôt pour maintien à domicile.
«Ces trois facteurs affectent au pire moment les RPA et, par le fait même, les aînés. Nous sommes en pleine pénurie de logements, il n’y a jamais eu autant d’aînés et leur nombre continue de croître, les RPA abandonnent les services de soins, alors que les besoins de la population atteignent un niveau record et que le réseau public ne fournit pas», conclut Marc Fortin. (N.P.)