Plus tôt en février, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), organisation syndicale à laquelle est affilié le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL), a annoncé l’acceptation de l’entente de principe du 28 décembre 2023 par ses membres.
Bien que les enseignant.e.s lavallois aient voté contre l’entente de principe à la hauteur de 68%, la double majorité requise par la FAE a été atteinte.
Le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) a été le dernier à révéler le résultat de son vote, qui était à 50,58% en faveur de l’entente de principe. C’est lui qui a donc tranché, étant le 5e syndicat sur 9 où le vote était positif.
«C’est une entente dont l’opinion des membres est très partagée, remarque André Arsenault, président du SERL. […] Ce n’est pas une entente qui est à la hauteur des sacrifices que les enseignant.e.s ont fait pendant les jours de grève. On était face à un gouvernement qui a laissé les enseignant.e.s dans la rue pendant 28 jours. On s’attendait à ce qu’un gouvernement qui disait que la priorité était l’éducation bouge beaucoup plus vite que ça.»
Dans le même ordre d’idées, le président déplore que le gouvernement n’ait pas réagi plus rapidement aux «moyens de pression qui étaient des messages clairs», avant même le déploiement de la grève générale illimitée.
Rappelons que la précédente convention collective était échue depuis l’automne 2022.
Reculs
«Les enseignant.e.s de Laval ont considéré qu’il y avait plus de points négatifs que positifs, au niveau de l’entente sectorielle», résume André Arsenault.
Le SERL s’inquiète notamment des impacts de la création de postes E2 par le gouvernement. Ces postes, qui normalement deviendraient réguliers, demeureront des emplois instables où l’enseignant.e n’est pas garanti du temps complet, ni une tâche unique.
«Les nouveaux enseignant.e.s pourraient être appelé à travailler, par exemple, au primaire avec une tâche qui n’est pas complète, mais qui serait complétée par du remplacement dans la même école ou même dans d’autres écoles, explique le président du SERL. Ça fait des postes […] où on se retrouve à faire un paquet de choses complètement différentes, sans avoir d’attaches réelles à une école ou un groupe.»
Dans la précédente convention collective, à chaque contrat signé, les enseignant.e.s savaient exactement quelles conditions de travail les attendaient. Même si l’un d’eux travaillait simultanément dans plusieurs écoles, il le savait à l’avance et pouvait se préparer en conséquence.
Le SERL déplore également l’entente liée à la formation professionnelle, où il est maintenant possible de suivre des formations accélérées sur lesquelles les acquis de la convention collective pourraient ne pas s’appliquer. Ces enseignant.e.s pourraient, par exemple, donner des cours la fin de semaine ainsi qu’en soirée, faisant fi de la conciliation travail-famille.
Lorsqu’on demande à M Arsenault s’il craint que ces mesures incitent les enseignant.e.s à quitter la profession, il répond: «Ça nous fait très peur. C’est ce qu’on peut dire.»
Le positif
Même si l’avenir semble plutôt sombre, André Arsenault souligne toutefois quelques points positifs de la nouvelle convention collective.
«Il y a un mécanisme d’évaluation des cohortes d’élèves qui n’est pas parfait, loin de là, mais qui est un pas en avant, indique-t-il. Ce mécanisme est là pour évaluer combien d’élèves ont des difficultés dans une cohorte donnée. […] On compte ces élèves-là et, si on atteint un seuil de 60%, et c’est là que ça accroche, 60%, c’est très, très élevé, trop élevé, mais si on atteint 60%, le Centre de services doit ouvrir une classe spécialisée ou une nouvelle classe régulière et redistribuer les élèves, ce qui ferait baisser les ratios.»
Pour être applicable, cette mesure nécessite cependant des enseignant.e.s légalement qualifiés et des locaux disponibles. Malgré tout, l’obtention de statistiques représente un gain aux yeux des enseignant.e.s.
Finalement, l’entente est intéressante au niveau salarial, où les enseignant.e.s obtiendront une augmentation de 17,5% sur 5 ans avec la possibilité d’ajouter 1% de plus, en fonction de l’élévation de l’Indice des prix à la consommation.