Après un vote historique allant jusqu’à un mandat de grève illimité il y a quelques semaines, le Front commun tient parole et coordonne une première journée de grève le lundi 6 novembre dans toute la province.
Dans la région lavalloise, la tension est palpable et l’énergie crépite. Devant plus d’une quinzaine d’établissements de services publics, des lignes de piquetages ont lieu et des travailleurs dénoncent.
Certains rassemblements ont atteint les 800 personnes cet avant-midi, notamment devant l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé, qui compte à lui seul près de 4000 travailleurs du Front commun.
«C’est une grève légale, le gouvernement le reconnait, donc il n’y a pas personne qui a été mis en danger aujourd’hui dans les moyens de pression qui ont été faits par nos membres.»
–Déreck Cyr, président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL-CSQ).
En santé, en éducation et en services sociaux, plusieurs sont affectés par les négociations d’une nouvelle convention collective qui s’étirent depuis plus d’un an.
«C’est une première séquence de grève et on aurait souhaité éviter d’en arriver là, exprime Natacha Pelchat, représentante nationale pour la région de Laval à l’APTS. Ce n’est pas de gaité de cœur qu’on sort en grève, c’est parce qu’on est rendu à un point où on n’a plus le choix. On veut envoyer un message au gouvernement qu’il est temps de venir négocier aux tables.»
Demandes
Dans les trois domaines concernés, 12 000 travailleurs et travailleuses de la région de Laval sont touchés par ces négociations. Chacun leur tour, jusqu’à minuit, ils manifesteront pour leurs conditions de travail.
«Il y a urgence d’agir pour les services publics, dans le sens où les gens quittent le navire, car les conditions de travail sont difficiles, non seulement salariales, mais également de travail, regrette la représentante syndicale. […] On veut offrir des services en santé et services sociaux à la hauteur de ce que la population mérite et ça passe par des bonnes conditions de travail. Pour pouvoir sauver nos services publics, il faut que les gens aient le goût de venir travailler avec nous et restent.»
Actuellement, les travailleurs représentés par le Front commun ont un retard salarial de près de 12% ainsi qu’un retard de rémunération globale de presque 4%. Rappelons également que 78% des syndiqués sont des femmes.
Dépôt
Le dimanche 29 octobre, les milliers de travailleurs du secteur public attendaient avec impatience d’un deuxième dépôt du Conseil du trésor.
Ce dernier a été qualifié d’«insultant» par les représentants syndicaux puisque l’augmentation salariale qui y était proposée était bonifiée de 1,3% sur une durée de cinq ans.
«On nous promettait quelque chose d’intéressant, de nouveau, mais on a l’impression qu’on est en train de rire de nous, a déclaré Yves Brouillette, président du Syndicat lavallois des employés de soutien scolaire (SLESSCSQ), via communiqué. S’il cherchait une façon de solidariser les membres, c’est réussi.»
Prochaines actions
Dans la foulée de la grève d’aujourd’hui le Front commun a annoncé qu’une prochaine séquence de grève se déroulera du 21 au 23 novembre, à moins de parvenir à une entente d’ici là.
«On a un mandat de grève en main qui prévoit jusqu’à la grève générale illimitée, rappelle Natacha Pelchat. S’il faut se rendre là pour que le gouvernement Legault nous prenne au sérieux et se rende compte qu’on est importants, on va s’y rendre malheureusement.»