Désabusé, le président du conseil régional de Laval, Denis Piché, a remis sa démission au lendemain du conseil général que le Parti libéral du Québec tenait le week-end dernier, à Drummondville.
Dans une lettre adressée au président du parti, Rafael Ferraro, dont le Courrier Laval a obtenu copie, M. Piché explique que sa décision est le fruit «d’une longue et déchirante réflexion».
Militant libéral de très longue date, celui qui présidait aux instances régionales du PLQ depuis une vingtaine d’années, à Laval, écrit ne plus vouloir «donner l’impression de cautionner une incurie qui s’aggrave au lieu de se résorber et qui fait courir notre parti tout droit à la catastrophe».
Au fil des ans, la «capacité d’examen critique […] a fait place à une déconnexion qui perdure et dont les impacts négatifs sont aussi nombreux que graves», constate-t-il. M. Piché en veut notamment pour preuve les intentions de vote chez les francophones qui voisinent avec les 5 %. «Notre parti a atteint un point de rupture avec la très grande majorité de nos concitoyens et concitoyennes francophones qui ne se reconnaissent manifestement plus dans le PLQ et qui s’en sont détournés ou l’ont déserté massivement.»
Course à la direction
Denis Piché déplore également le fait que la «base militante» soit «tenue pour acquise et à l’écart des débats de fond» par le parti. À cet égard, il cite «la récente décision de la direction d’ignorer la volonté nettement majoritaire (80 % à 90 % selon les instances) des représentants du Conseil de direction ainsi que des présidents d’association de tenir une course à la direction à l’automne 2024». Ce n’est finalement qu’au printemps 2025 que le PLQ élira son nouveau chef, a-t-on appris au conseil général.
Enfin, le dernier grief formulé par le président démissionnaire cible «des comportements cavaliers à l’endroit de député.e.s qui ont fait l’objet de jugements expéditifs et sommaires avant d’être ostracisé.e.s ».
Sans les nommer, M. Piché fait ici allusion au député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, et à l’ex-députée de Maurice-Richard, Marie Montpetit. Visé par une plainte pour harcèlement psychologique déposée par la présidente de la Commission-Jeunesse du parti, M. Beauchemin s’est vu exclure du caucus le 7 octobre dernier. Deux ans plus tôt, Mme Montpetit avait subi le même sort alors qu’elle faisait l’objet d’allégations d’abus de pouvoir envers des membres de son personnel.
S’il démissionne de son poste de président du conseil régional de Laval et de celui de représentant du Conseil de direction au comité d’audit, Denis Piché demeure toujours membre du Parti libéral du Québec «en espérant qu’un sursaut de lucidité et de courage permette [au parti] de se ressaisir pour se reconnecter avec les Québécois.e.s et regagner un respect et une confiance déplorablement perdus», termine-t-il.