Grâce aux nombreux projets de restauration et récupération d’habitats naturels sur la rivière des Mille Îles, les 55 animaux et les 36 plantes en voie d’extinction pourraient bénéficier d’une amélioration de leur qualité de vie et éviter ainsi la disparition.
Présentement, l’organisme lavallois Éco-Nature mène plusieurs projets de restauration et protection avec les municipalités se situant aux abords de la rivière pour assurer la préservation de ces 91 espèces menacées.
«Ça fait 20 ans qu’on travaille pour avoir un registre détaillé des espèces, mais il y en a encore certaines qu’on n’a pas réussi à répertorier parce que la rivière compte 42 kilomètres d’est en ouest, avec une très grande diversité d’habitats», explique Francis Allaire, biologiste et chargé de projet chez Éco-Nature.
Assurer une bonne qualité de l’eau et diminution des gaz à effet de serre (GES) dans ces écosystèmes serait bénéfique pour ces espèces en péril en milieu urbain.
«On travaille à restaurer les habitats naturels des animaux qui se sont détériorés par la présence humaine, continue-t-il. On enlève des plantes envahissantes ainsi que le béton pour ensuite végétaliser et récréer l’habitat à l’aide des poissons et conifères.»
Causes de la dégradation
À l’heure actuelle, les principaux facteurs de dégradation de l’habitat sont les constructions en bordure de l’eau, l’artificialisation des rives, le déboisement et l’entretien excessif de la végétation riveraine.
Depuis 1980, le paysage de la rivière des Mille Îles a été considérablement façonné par l’activité humaine. Les rives et le littoral ont été fortement altérés par le développement urbain.
Cependant, la prise conscience et responsabilisation des communautés riveraines a contribué à une amélioration dans la qualité de l’eau.
«Aujourd’hui, pendant les saisons estivales, il est possible de se baigner sur plusieurs portions de la rivière à Laval, affirme Francis Allaire. On sensibilise la population qui habite dans le coin pour leur montrer la diversité d’animaux qui habitent la rive. Depuis les années 1970, la qualité de l’eau s’est améliorée parce que les gens jettent moins de déchets dans la rivière.»
Berge aux Goélands
Un projet de récupération de la berge aux Goélands, réalisé conjointement par Éco-Nature et la Ville de Laval, vient d’être terminé.
Le projet cible un secteur, à la hauteur de la rue Riviera près de la 43e Avenue, dans Laval-Ouest. L’absence de végétation causait des décrochements de berge, de l’érosion et une réduction des propriétés environnementales de la rive.
«Le secteur de Laval-Ouest où se situe le projet a été particulièrement touché par les inondations du printemps 2017, raconte Francis Allaire. L’augmentation des superficies naturelles et perméables en bordure de la rivière contribue à atténuer l’impact des crues.»
Cette portion du site est devenue profitable pour la faune terrestre et aquatique qui dépendent de cet habitat tel que la tortue géographique et tortue serpentine, deux espèces désignées en péril par le gouvernement du Canada.
Observation de tortues
Grâce à la collaboration des citoyens, le Réseau d’observation des tortues est devenu indispensable pour améliorer le sort de ces reptiles gîtant dans la rivière des Mille Îles.
Le Réseau d’observation a été officiellement créé en décembre 2010, même si depuis 2006, les citoyens signalaient à Éco-Nature les différents sites de ponte des œufs.
«Les informations reçues par les citoyens nous permettent d’aménager des sites de ponte avec des propriétaires privés, accroître la vigilance des automobilistes et protéger des nids de tortues contre les prédateurs», poursuit le biologiste.
Également, Éco-nature s’occupe du centre de réhabilitation des tortues où chaque année, ils prennent en charge les tortues blessées, frappées par des voitures ou prises en captivité illégale.
«Pendant le confinement dû à la COVID-19, un membre de l’équipe se rend sur place chaque jour pour prendre soin des tortues, ajoute M. Allaire. On va continuer de s’occuper d’elles avant que la température soit favorable pour les relâcher après avoir eu l’aval de vétérinaires. Surtout, pour celles qui ont une fracture de carapace. On continue aussi la vigilance avec les citoyens parce que les tortues vont bientôt commencer à sortir de leur hibernation. En ce moment, c’est plus difficile de faire le suivi, mais on continue à travailler fort pour développer d’autres projets.»