Alors que le Service correctionnel du Canada confirme que 2 gardiens et au moins 25 détenus ont testé positifs au Centre fédéral de formation de Laval, la Ligue de droits et libertés réitère qu’une libération de certains détenus serait nécessaire afin de diminuer les risques de propagation de la COVID-19.
La Ligue de droits et libertés demande depuis des semaines qu’on relâche certains détenus aux Centre de surveillance de l’immigration (CSI), Centre fédéral de formation et à l’établissement de détention Leclerc, tous situés à Laval.
Cette organisation demande la libération immédiate des détenus qui sont en attente d’un procès ou qui ont des peines courtes.
«On demande une réduction de la population carcérale en libérant une grande partie des personnes actuellement incarcérées et en limitant les nouvelles admissions, explique Lucie Lemonde, porte-parole de la Ligue de droits et libertés. En ce moment, ils n’ont accès à aucun loisir et doivent rester la majorité du temps dans les cellules. Plus d’espace devrait être libéré pour alléger le confinement et prendre soin de la santé mentale des prisonniers.»
Confinement en cellule
Un ex-détenu de 65 ans du Centre fédéral de formation à sécurité minimale se dit chanceux d’avoir été libéré le 1er avril, car un premier cas de la COVID-19 a été détecté dans cette prison, tout juste une journée avant sa libération.
«Une infirmière du centre a été confirmée positive le 31 avril et depuis ce temps, le confinement en cellule est obligatoire, déclare l’ancien détenu. À mon avis, ce confinement va entraîner de la détresse psychologique. Quand on t’enferme 23 heures sur 24 pendant un certain temps, c’est vraiment difficile.»
«À l’exception de la suspension des peines intermittentes, aucune autre mesure d’application générale n’a été annoncée officiellement par le gouvernement», ajoute Mme Lemonde.
Prisons pour migrants
À la fin du mois de mars, une dizaine de détenus du Centre d’immigration à Laval ont fait la grève de la faim pendant une semaine pour réclamer leur libération.
«Il reste encore 12 immigrants qui espèrent être libérés dans les prochains jours alors que depuis le début de la pandémie, on demande leur libération immédiate, commente Saffa Chebi, porte-parole de Solidarité sans frontières. Il y avait 45 migrants au début qui ont été libérés au fur et à mesure, mais c’est long, parce qu’ils doivent attendre leur audience.»
«Il est impossible de respecter les normes de distanciation dans le Centre de surveillance de l’immigration, déplore Abdoul (nom fictif), ancien détenu au CSI de Laval. Les pièces sont fermées et mal aérées. Les gardiens sont encore en contact permanent avec le monde extérieur et les personnes à l’intérieur de la prison.»
Gardien testé positif
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a confirmé le 7 avril que l’un des gardiens qui y travaillait a été testé positif à la COVID-19.
«On est au courant depuis le 2 avril que ce gardien est testé positif, raconte Saffa Chebi. Également, on a eu la confirmation que l’ensemble du personnel a été remplacé à la suite de ce dépistage. Cependant, l’ASFC n’a encore pas envoyé de réponse officielle, après les nombreuses demandes de médias.»
Solidarité sans frontières et les détenus estiment que ASFC ne respecte pas les consignes sanitaires pour les protéger de la COVID-19.
«Il reste 10 hommes et 2 femmes dans le CSI de Laval, souligne Mme Chebi. Il y a encore des infirmières qui fréquentent les lieux pour donner des soins aux migrants âgés qui en ont besoin. On demande que les personnes soient libérées, car il est difficile de respecter les mesures de distanciation à l’intérieur de cet endroit.»