Même si le réseau cyclable s’accroît progressivement sur le territoire lavallois, la culture du vélo tarde à s’y implanter selon L’état du vélo à Laval en 2020, étude réalisée par Vélo Québec.
À l’heure actuelle, on compte 292 kilomètres de voies cyclables sur l’île Jésus, soit une augmentation de plus de 54% depuis 2015.
Toutefois, le taux de cyclistes chez les adultes n’a pas suivi la même tendance, alors qu’il a augmenté de seulement 2% en cinq ans.
Selon Vasilios Karidogiannis, conseiller municipal dans L’Abord-à-Plouffe et responsable de la mobilité active à Laval, l’obstacle principal demeure la culture automobile bien enracinée, alors que «la ville a été construite pour la voiture».
«Les jeunes commencent à choisir des modes de déplacement plus verts et je pense que le changement débute par là», partage-t-il.
En continuant la mise en place du Plan directeur du réseau cyclable, qui prévoit 450 kilomètres de voies cyclables sur le territoire lavallois d’ici 2031, le conseiller municipal estime que d’ici 5 à 10 ans, les infrastructures destinées aux cyclistes seront beaucoup plus utilisées.
Pour Georges Schneller, investigateur du Groupe de réflexion sur la pratique du vélo à Laval, implanter une culture du vélo sur le territoire nécessite des efforts de longue haleine de la part de la Ville, notamment par le biais de campagnes de sensibilisation et d’activités pour augmenter l’acceptabilité sociale.
Il identifie d’ailleurs le parc d’éducation cycliste situé au Parc Bon-Pasteur, dans Laval-des-Rapides, comme une bonne façon d’encourager la population à s’adonner à cette activité.
«En initiant rapidement les enfants à la bonne pratique du vélo, on espère que dans le futur ce soit une option de plus en plus utilisée pour se déplacer», affirme Vasilios Karidogiannis.
Qualité du réseau
«Quand on voit ce qui se passe à Montréal, ça donne vraiment le goût de s’en approcher ici aussi», poursuit Georges Schneller, en faisant référence à la culture du vélo bien implantée dans la métropole.
Accroître l’offre de BIXI sur l’île Jésus serait notamment une façon d’inciter les citoyennes et citoyens à se déplacer davantage à vélo, selon lui.
«Ça prend plusieurs stations, plus de vélos électriques et des campagnes de communication pour bâtir une notoriété à ce service de vélo partage», considère-t-il.
Georges Schneller est d’ailleurs d’avis que le manque d’homogénéité du réseau cyclable dissuade bien des gens.
«Certains quartiers sont bien desservis, mais la connexion entre eux est assez moyenne», témoigne-t-il, en ajoutant que l’entretien général dépend d’un secteur à l’autre.
Pierre Gaudette, citoyen résidant près du Domaine Renaud, pense également dans ce sens. Depuis plusieurs années déjà, il déplore la «piètre qualité» et le manque d’entretien de la piste cyclable reliée à la Route verte fréquemment empruntée par les familles lavalloises.
«Une piste de gravier, il faut que ce soit bien entretenu, indique-t-il, en insistant sur le danger que cela peut représenter. Avant, on nivelait toutes les semaines et maintenant, on a de la misère à ce que ce soit fait une fois par année.»
Il juge d’ailleurs trop dangereuses les bandes cyclables aménagées sur les axes majeurs, tels le boulevard Saint-Martin qui est «encore trop peu utilisé». Un point de vue que Georges Schneller partage.
«Il y a eu des tentatives de marquage [des pistes cyclables], mais ça ne projette pas un sentiment de sécurité», considère ce dernier.
Changer les habitudes
Sur les 180 000 adultes qui ont fait du vélo en 2020, seulement 36 000 l’utilisent comme mode de transport.
Selon une enquête menée en 2018 par la Chaire de mobilité de Polytechnique, 15% des déplacements motorisés pourraient être plutôt faits à vélo, alors que 33% des distances parcourues par les Lavalloises et Lavallois pour aller au travail sont de moins de 5 kilomètres.
«Ça prend du temps que de changer les habitudes, souligne Vasilios Karidogiannis. Je pense que ça se fera en laissant une place aux prochaines générations.»
Il insiste toutefois sur le fait que la Ville n’est pas en guerre contre les voitures.
«On veut mettre en place des installations pour donner l’opportunité aux gens qui veulent laisser la voiture chez eux, de le faire de manière sécuritaire», conclut-il.