ADMINISTRATION MUNICIPALE. La stratégie de redressement administratif déployée à Laval au cours des deux dernières années risque de passer à l’histoire.
C’est du moins l’avis du directeur général de l’École nationale d’administration publique (ENAP), Nelson Michaud.
«Inspirée des meilleures pratiques en gestion, cette réorganisation capitale de l’administration lavalloise peut d’ores et déjà être considérée comme un puissant outil de changement et de mobilisation, une expérience qui fera école», a-t-il déclaré à l’hôtel de ville à l’occasion d’un point de presse, le 9 mai.
Monographie
On y dévoilait un rapport d’une soixantaine de pages produit dans le cadre de l’Entente de partenariat conclue en novembre 2014 entre l’ÉNAP et la Ville de Laval.
Celle-ci visait à revoir de fond en comble le fonctionnement de l’appareil municipal à la faveur des plus hauts standards en matière de gouvernance, d’éthique, de transparence, de reddition de comptes et de bonnes pratiques.
Conformément à l’entente, le rapport final a pris la forme d’une monographie, qui documente systématiquement la démarche de sorte que toutes les municipalités puissent en tirer des enseignements.
Faire échec à la corruption
«Nos avancées majeures en matière de gouvernance commencent à être connues et reconnues», a souligné le maire Marc Demers.
Incidemment, le lendemain, il était conférencier invité du mouvement Transparency International Canada , à Toronto, «afin d’exposer précisément ce que nous avons fait pour contrer la collusion et la corruption dans notre ville», a-t-il enchaîné.
Cette réforme organisationnelle en profondeur avait également pour but de «redonner confiance aux citoyens et aux employés», a fait valoir le directeur général, Serge Lamontagne.
Ce dernier avait d’ailleurs été soufflé par la culture de contrôle absolu qui a longtemps sévit à l’Hôtel de Ville sous la férule du maire déchu, Gilles Vaillancourt.
Devant la commission Charbonneau, M. Lamontagne avait illustré à quel point tous les pouvoirs étaient concentrés entre les mains du maire, mentionnant que le plus haut fonctionnaire de la Ville n’avait pas l’autorité de remplacer un employé en maladie pour deux semaines ou encore de consentir à un employé une formation de plus de 200 $ sans obtenir l’aval du comité exécutif que présidait Gilles Vaillancourt.
Bref, cette réorganisation administrative était d’autant essentielle que l’ex-maire omnipotent, qui a régné sur la Ville pendant plus de 20 ans, et deux anciens hauts fonctionnaires – le DG Claude Asselin et le directeur du Service de l’ingénierie, Claude DeGuise – font face à une multitude d’accusations criminelles, nommément celle de gangstérisme.
25 chantiers
Intitulée «Ville de Laval, la mutation administrative d’une organisation ébranlée», la monographie de l’ÉNAP fait le bilan d’un vaste projet de recherche-accompagnement qui s’est déployé à travers pas moins de 25 chantiers organisationnels.
Ces travaux ont impliqué l’équipe de la Direction générale de la Ville, 10 professeurs de l’ÉNAP, 16 services municipaux, le Bureau de l’intégrité et de l’éthique de Laval (BIEL), le Bureau des Grands Projets en plus d’une centaine d’employés et de gestionnaires municipaux.
Planification stratégique
Au terme de cette démarche, l’administration Demers a notamment accouché d’une planification stratégique quinquennale (2016-202), dévoilée le 9 mai.
Découlant de la Vision Laval 2035, cette planification est dépeinte comme «un puissant outil de performance organisationnelle» qui permettra à la Ville de se réinventer.
«Laval regorge d’opportunités pour devenir une ville modèle où il fait bon vivre, travailler, étudier et se divertir. En précisant les défis qui sont les nôtres, cette planification stratégique nous permet d’établir nos orientations, définir nos valeurs, préciser nos priorités et finalement, élaborer nos prochaines actions», a conclu le maire Demers.