«You’re a liar», a vociféré David De Cotis en pointant du doigt le maire Marc Demers, après que ce dernier eut justifié son remplacement à la présidence de la Société de transport de Laval (STL) par le conseiller municipal de Saint-François, Éric Morasse.
La scène s’est produite en fin de soirée de la séance du conseil municipal du 4 septembre.
En l’espace de quelques secondes, M. De Cotis, hors de lui, a traité le maire de menteur cinq fois plutôt qu’une. Au point où la présidente du conseil, Christiane Yoakim, lui a demandé de quitter la salle, en vain.
Demers venait, entre autres, de lui reprocher d’avoir, en juillet, manqué à son devoir à la suite de la décision de renoncer à l’octroi d’un contrat de 648 000 $ visant l’implantation d’un logiciel de gestion de la relation client.
«La responsabilité du président de la STL était d’aviser le comité exécutif du changement d’orientation et ça n’a pas été fait.» Il aurait dû l’en informer «le plus tôt possible», a insisté le maire.
Lien de confiance brisé
«Le lien de confiance est essentiel à ce poste, a indiqué le maire, précisant que la STL est «le prolongement de la Ville» qui contribue à hauteur de 80 M$ par année à son budget d’exploitation. Je ne sais même pas pourquoi le contrat a été retiré à l’ordre du jour du conseil d’administration de la STL.
De Cotis s’est défendu, affirmant que durant son mandat de quatre ans (2014-2017) à la présidence du transporteur public, il n’avait jamais informé le maire d’aucune décision prise par le conseil. «Le conseil d’administration n’est pas tenu de rendre des comptes au maire ou au comité exécutif. Le maire dit des mensonges.»
Tout juste avant, il l’avait interpellé. «Vous m’accusez d’avoir mal géré la STL et c’est le contraire. La décision [a été prise] dans l’intérêt des Lavallois», répliquait-il, jugeant que ce système n’en valait pas la peine et aurait nécessité des coûts récurrents astronomiques en termes de gestion.
Il a aussi affirmé que cette décision de ne pas accorder le contrat a été entérinée par l’ensemble des élus membres du CA, à savoir Jocelyne Frédéric-Gauthier, Isabella Tassoni, Aline Dib et Vasilios Karidogiannis.
À cet égard, la porte-parole du cabinet du maire, Valérie Sauvé, fait plutôt valoir que «le conseil d’administration n’a pas eu l’occasion de se prononcer» en raison du fait que M. De Cotis aurait retiré le point de l’ordre du jour avant l’assemblée.
La STL risque ainsi de perdre d’importantes subventions que Québec et Ottawa lui avaient consenties dans le cadre de cette implantation, ajoute Mme Sauvé.
Expérience
Autre remarque qui a piqué au vif David De Cotis est celle où M. Demers affirme que son remplaçant, Éric Morasse, a «probablement plus d’expérience qu’en avait M. De Cotis quand il a été nommé en 2013».
M. Morasse a fait son entrée au CA en décembre 2017, où il a occupé la vice-présidence de la STL jusqu’à ce que Jocelyne Frédéric-Gauthier lui succède dans la foulée du remaniement qui, au mois de juin, avait ramené David De Cotis à la présidence de l’organisme au détriment de Gilbert Dumas.
Cette décision, faut-il le rappeler, avait été prise à l’unanimité des élus lors d’un conseil municipal qui, le 7 juin, avait tout juste obtenu quorum en l’absence du maire et des neuf conseillers qui lui étaient restés fidèles lors de la fronde survenue deux jours plus tôt.
Faisant valoir son bagage d’une quinzaine d’années au sein d’entreprises de transport, à savoir «plus de 10 ans chez Bombardier aéronautique et plus de 4 ans chez Via Rail Canada», M. De Cotis a «géré des projets de millions de dollars avec succès», a-t-il soutenu.
Vote prépondérant
Malgré une majorité des voix fraîchement retrouvée au conseil, le maire a eu besoin du vote prépondérant de la présidente, une première dans les annales de la Ville, pour faire entériner la nomination d’Éric Morasse à la présidence de la STL.
Des trois dissidents ayant regagné les rangs du caucus du Mouvement lavallois ces dernières semaines, Aline Dib s’est dérobée, quittant subitement son siège lors de la prise du vote, Aram Elagoz, hésitant, a murmuré un «pour» à peine audible, alors que Sandra El-Helou s’y est opposée. Devant un vote égal de 10 à 10, Mme Yoakim a été appelée à trancher.
Surpris et trahi
Dans les minutes qui ont suivi le vote, M. De Cotis a ainsi réagi dans le hall de l’hôtel de ville: «J’ai été surpris que Mme Aline Dib n’ait pas le courage de rester et voter pour moi. Elle aurait été mieux de rester et voter pour la nomination. Elle siège au CA. Elle sait exactement comment les choses se sont passées».
Puis, il a enchaîné: «M. Aram Elogaz m’avait donné sa parole le 18 août [au lendemain de l’annonce de son retour au caucus] que s’il y avait un vote pour un changement [au CA de la STL], il voterait contre. Ils ont choisi de suivre la ligne de parti, la raison pour laquelle ils avaient quitté le caucus en juin dernier.»
Peu de temps après le vote, la vice-présidente du CA, Jocelyne Frédéric-Gauthier, qui soutient M. De Cotis, a quitté la salle en pleurs, alors que les travaux se poursuivaient.