Alors que la mise en place d’un programme Capture-Stérilisation-Relâche-Maintien (CSRM) se fait toujours attendre à Laval, des citoyen.ne.s prennent les choses en main s’investissant corps et âme pour secourir les félins orphelins.
Se sentant investis d’une mission sociale et humanitaire, plusieurs Lavallois.es tentent d’aider les félins en difficulté sur le territoire. Malgré leur bonne volonté, le travail à accomplir augmente continuellement à un rythme effarant et les troupes sont fatiguées.
Chantal (nom fictif) et sa collègue trappent, stérilisent et mettent en adoption une quarantaine de chats errants chaque année dans Saint-François, et ce, depuis plus de cinq ans.
Pour financer leurs actions bénévoles, elles collectent des canettes. Des frais d’environ 140$ sont à prévoir pour la stérilisation d’un matou, donc le duo doit amasser approximativement 5600$ tous les ans pour maintenir la cadence.
Valérie (nom fictif) sauve des chats errants depuis 16 ans dans Chomedey. L’an dernier, elle a investi 62 000$ à ces fins. En 2023, elle a déboursé 52 000$. La citoyenne effectue le tout bénévolement, soutenue par des donateurs.
Marie-Josée (nom fictif) sillonne les rues de Laval et des environs afin d’attraper les félins sans foyer. Parfois, jusqu’à 12 heures sont nécessaires pour y parvenir.
En plus d’assumer financièrement leur stérilisation, elle les héberge jusqu’à ce qu’ils trouvent une famille d’adoption. Depuis août 2024, la citoyenne de Laval-des-Rapides a dépensé près de 5000$ en litière et nourriture pour ses pensionnaires.
Ces dames ne sont pas les seules à donner temps et argent pour les chats errants de Laval. Ensemble, elles dépensent environ 70 000$ par année.
Ces frais faramineux assumés par des citoyennes bénévoles illustrent l’ampleur de l’enjeu et son importance pour la région.
«Je ne sais pas comment on va s’en sortir, lâche Marie-Josée, à bout de forces. Les citoyens sont vraiment découragés. Il n’y a pas de ressources. [La Ville] a beaucoup misé sur la micropuce, mais c’est vraiment pas tous les chats qui sont micropucés. C’est problématique. Ils n’offrent même pas de journées de stérilisation à prix modique pour aider les citoyens. Ils ne sont vraiment pas pour les animaux. En espérant que ça va changer aux prochaines élections.»
Se cacher pour aider
Comme constaté en cours de reportage, les Lavalloises rencontrées par le Courrier Laval souhaitent rester anonymes.
Elles s’inquiétaient des plaintes et visites possibles des inspecteurs municipaux à leur domicile.
«Ils ne veulent pas qu’on les nourrisse, déplore Caroline (nom fictif), résidente de Laval-Ouest aux prises avec une colonie d’une trentaine de chats errants. [L’inspecteur] de la Ville de Laval […] m’a dit »laissez-les mourir ».»
Plusieurs des bénévoles ont témoigné avoir eu des mauvaises expériences avec les intervenant.e.s municipaux, qui les auraient menacé et/ou contraint à se départir de leurs animaux.
«Vous n’avez pas d’autre chose de mieux à faire que d’écœurer le monde qui nourrissent les chats? s’indigne Valérie. On n’est pas des criminels. On paie pour faire stériliser les chats. On fait la job de la Ville avec notre budget pour nettoyer Laval. Je pense que c’est de l’argent gaspillé d’envoyer des inspecteurs.»
En réponse à ces allégations, Laval se défend en certifiant que ses inspecteurs ne font qu’appliquer le règlement L-12430, qui indique notamment que les citoyen.ne.s peuvent avoir jusqu’à un maximum de 4 animaux.
«Lorsqu’une plainte est déposée par un citoyen ou une citoyenne concernant le nourrissage d’animaux errants, un inspecteur est mandaté pour effectuer une vérification sur le terrain, explique Carolanne L. Gagnon, conseillère aux affaires publiques pour la Ville de Laval. […] La présence de chats errants peut soulever certaines préoccupations, notamment en matière de nuisances sonores et marquage territorial. Or, le nourrissage de ces animaux contribue à accentuer ces enjeux et est interdit par le règlement. De plus, toute personne qui nourrit un animal en devient légalement le gardien et doit respecter certaines obligations, notamment la stérilisation, le micropuçage et l’enregistrement de l’animal.»
L’œuf ou la poule?
Selon le Service des communications et du marketing de la Ville de Laval, «il est difficile, voire impossible, d’estimer avec précision la population féline errante à Laval» et «les requêtes citoyennes concernant les chats, incluant ceux en situation d’errance, demeurent relativement peu nombreuses par rapport à l’ensemble des demandes en gestion animalière».
Par peur de se faire dénoncer aux autorités par le voisinage et en raison de la mauvaise réputation du Berger Blanc, les citoyen.ne.s n’ont pas le réflexe de porter plainte à propos des chats errants qu’ils voient sur le territoire. Cela peut expliquer en partie le nombre de requêtes peu élevé à ce propos.
Comme la Municipalité a ce mince nombre en main en guise de référence, il peut être plus ardu de qualifier l’enjeu prioritaire.
Aussi, comme le fait remarquer Louise Lortie, conseillère municipale dans Marc-Aurèle-Fortin et porteuse de la proposition au conseil municipal, comment savoir si les chats aperçus à l’extérieur ont des propriétaires ou non, quand plusieurs résident.e.s laissent leurs animaux aller à l’extérieur?
«Il y a des milliers de chats errants ici à Laval, conclut Christine Péron, citoyenne de Laval-des-Rapides questionnant régulièrement le conseil municipal par rapport à cet enjeu. De juste les trapper, les amener au Berger Blanc et les faire tuer, c’est pas humanitaire. On est rendu en 2025. La façon humanitaire de dealer avec ça, c’est un programme CSRM.»
«La Ville de Laval reconnaît et salue l’engagement des citoyens et citoyennes qui consacrent temps et ressources pour venir en aide aux chats errants, précise Carolanne L. Gagnon. Elle estime toutefois que la gestion durable de cette problématique [les chats errants] repose avant tout sur la prévention, notamment par la stérilisation des chats domestiques, afin de limiter leur reproduction et réduire le nombre d’animaux en situation d’errance.»
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