«Ils auront une fâcheuse surprise. Ce sera un choc pour plusieurs parents qui envoient leurs enfants dans les CPE. Outre l’augmentation passant de 7 $ à 7,55 $, le parent sera doublement tarifé sur sa déclaration fiscale, car le gouvernement prendra en considération le revenu familial. Pour certains parents, ça pourrait revenir à 15 $ par jour», affirme M. Boucher, qui attendait avec impatience le dépôt du budget, le 17 mars dernier.
«Pour les parents qui envoient leurs enfants dans des garderies privées avec le retour d’impôt, ils paient entre 8 et 9 $ par jour. C’est inéquitable», ajoute-t-il.
Notons que le Mouvement Desjardins a d’ailleurs envoyé une lettre à 25 000 clients pour leur offrir un prêt qui les aiderait à amortir l’augmentation. Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a comparé cette initiative à des «garderies à crédit avec frais d’intérêt».
Pour sa part, le premier ministre Couillard souligne qu’il a agi afin de préserver la pérennité du réseau et dans un esprit d’équité. «Ces dispositions sont connues depuis plusieurs mois et des calculettes ont été mises à la disposition des citoyens, a affirmé M. Couillard en Chambre. On pouvait préparer ses retenues à la source en conséquence.»
Démolir le réseau
Mario Boucher croit que le gouvernement Couillard veut démolir le réseau des CPE au détriment des services de garde privés.
«Les libéraux ne veulent rien savoir des CPE mis en place par le PQ. C’est purement politique. Ce n’est que la pointe de l’iceberg. Ce gouvernement s’en va vers une privatisation des CPE et du système de la santé. C’est une situation alarmante», croit-il.
«Plusieurs parents se tournent vers les garderies privées commerciales, dont les services deviennent moins coûteux en raison des crédits d’impôt depuis que les tarifs ont été modulés en fonction du revenu», poursuit-il.
En accord avec Mme Marois
Pauline Marois a créé le réseau des CPE lorsqu’elle était ministre de la Famille en 1997. En début de semaine, l’ancienne première ministre a soutenu les CPE à travers la troisième vidéo mise en ligne par la CSN dans le cadre de sa campagne intitulée «Un réseau qui fait grandir».
Tout comme Mme Marois et d’autres personnes apolitiques qui se sont récemment prononcées sur les CPE, M. Boucher croit que le réseau des CPE que le gouvernement Couillard a «entre les mains» est «un véritable joyau» qui a permis de «faire reculer la pauvreté chez les femmes chefs de famille monoparentales, chez les femmes immigrantes et chez les familles.»
«L’éducation à la petite enfance est un atout pour le Québec, il est temps que les CPE soient reconnus comme des établissements d’éducation à part entière et non seulement comme des services de garde offerts aux parents», conclut Mario Boucher.
Cri du cœur
Par ailleurs, plus de 200 000 personnes ont signé une pétition visant la sauvegarde de l’égalité des chances et le réinvestissement dans les services de garde éducatifs. Cette pétition historique, initiée par l’Association québécoise des CPE (AQCPE) a été déposée, le 16 mars, à l’Assemblée nationale.
«Ces signatures lancent un message clair, a souligné dans un communiqué Louis Senécal, président-directeur général de l’AQCPE. L’éducation de qualité à la petite enfance est une priorité pour les Québécois. Les familles reconnaissent le rôle essentiel des CPE comme un outil du développement optimal de nos tout-petits et d’égalité des chances.»