À l’occasion des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence faite aux femmes, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale lance une nouvelle campagne vidéo mettant en vedette sa marraine, Catherine Ethier.
Intitulée Dénoncer l’antiféminisme, c’est lutter contre la violence conjugale, la campagne vise à rappeler le lien fondamental entre ces deux phénomènes et à encourager la population à contrer les discours sexistes et masculinistes.
Idéologies
Les idées masculinistes et misogynes gagnent du terrain au Québec, et les jeunes ne sont pas épargnés. Un récent sondage révélait que 40% des 18-34 ans sont en accord avec l’affirmation «Le père de famille doit commander chez lui», ce qui représente une augmentation de près de 30% par rapport à 2014.
Ce type de discours s’accompagne d’une volonté de revenir aux rôles vus comme traditionnellement masculins et féminins. Ces idées se répandent sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les écoles.
Selon le regroupement, la circulation d’idées et de propos misogynes et masculinistes a un impact concret sur la vie des filles et des femmes, sur leur trajectoire individuelle et collective. Un impact sur leur sentiment de sécurité, sur leur capacité à prendre la parole dans l’espace public, à être prises au sérieux, à se voir offrir des opportunités de travail. Mais ces discours s’incarnent aussi dans les relations intimes, notamment en banalisant le viol conjugal, en laissant croire que contrôle est synonyme de protection et d’amour, ou en objectifiant les femmes.
«C’est une tendance qui nous inquiète, car quand ces idées antiféministes infusent dans la société, ça rend possibles et acceptables des comportements de contrôle, de domination et de privation de liberté dans le couple» souligne Annick Brazeau, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, par voie de communiqué.
Campagne
Avec cette campagne, le Regroupement souhaite alerter sur la montée de l’antiféminisme, qui constitue un terreau fertile pour la violence conjugale, et appeler à l’action pour freiner ces idées.
«Si on veut lutter durablement contre la violence conjugale, on doit lutter aussi contre le sexisme et la misogynie dans leur ensemble, poursuit la présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, dans la même communication aux médias. Contre les discours qui nous font croire que l’égalité est atteinte ou que l’égalité des genres serait contre-nature. On invite tout le monde, alliés, influenceurs et influenceuses, proches de survivantes, parents, professeur.e.s à embarquer dans le mouvement.»
Les capsules vidéo, qui seront dévoilées sur les réseaux sociaux au cours des 12 jours d’action, déconstruisent avec une pointe d’humour quatre piliers de cette rhétorique antiféministe selon laquelle des différences biologiques justifieraient le contrôle des hommes sur les femmes: la figure du prédateur, celle du protecteur, la responsabilisation des femmes pour les violences qu’elles ont subies, et la «complémentarité du masculin et du féminin».
L’une des capsules aborde quant à elle l’autodéfense féministe, en partageant quelques astuces pour réagir à ces propos.
Au-delà de cette campagne de sensibilisation, le Regroupement réclame davantage d’investissements pour des initiatives de prévention et de sensibilisation dans les écoles, et dans la communauté en général, afin de promouvoir l’égalité des genres de façon positive, autant pour les filles que pour les garçons. (C.P./IJL)