Laval immortalise une figure marquante de la culture lavalloise et québécoise en désignant la future bibliothèque centrale du nom d’Anne-Marie Alonzo.
Cet hommage survient à quelques jours du 20e anniversaire de son décès survenu le 11 juin 2005 des suites de deux accidents vasculaires cérébraux. Mme Alonzo était âgée de 53 ans.
«En nommant la bibliothèque centrale en l’honneur d’Anne-Marie Alonzo, nous reconnaissons une femme d’exception, une pionnière de la littérature québécoise et de l’inclusion», a fait valoir le maire Stéphane Boyer dans une communication transmise le 4 juin.
Prix Émile-Nelligan
Cette Lavalloise d’origine égyptienne a «marqué le paysage culturel par la force de son œuvre et de ses engagements», souligne l’administration municipale.
En 1985, son premier recueil de poésie, Bleus de mine, lui vaut le Prix Émile-Nelligan, ce qui fait d’elle la première néo-Québécoise à recevoir pareil honneur.
«Elle a su faire de l’écriture un acte de résistance, de beauté et d’inclusion. Son nom, désormais gravé dans la mémoire de la ville, rappellera à toutes et tous la puissance de la culture comme moteur de transformation.»
La romancière Claire Varin, qui l’a côtoyée pendant 20 ans, dépeint Anne-Marie Alonzo comme «une femme forte et courageuse», rappelant son tragique accident de la route à l’été 1966 qui l’avait laissée quadriplégique à l’âge de 14 ans.
«La littérature l’a sauvée, je pense», dit-elle au sujet de celle qui se destinait au départ à une carrière sportive.
Une vie héroïque
Diplômée d’un baccalauréat, d’une maîtrise et d’un doctorat en études françaises à l’Université de Montréal, Mme Alonzo y tiendra une charge de cours en création littéraire dans la première moitié des années 1980 avant de s’investir dans l’écriture, l’édition et l’animation.
«Elle a animé la vie littéraire à Laval», se rappelle Claire Varin. C’est d’ailleurs dans son patelin qu’Anne-Marie Alonzo cofonde les Éditions Trois et la revue culturelle du même nom en 1985. Quatre ans plus tard, elle lance le Festival littéraire de Trois, une mise en lecture de grands auteurs à laquelle collaborent de grosses pointures des milieux littéraire et théâtral. «Le Festival de Trois, c’était prestigieux et sa maison d’édition était nichée et très considérée dans le milieu littéraire québécois», poursuit celle qui y a publié ses six premiers ouvrages.
Poète, écrivaine, dramaturge, traductrice et critique littéraire, Anne-Marie Alonzo compte une vingtaine de livres traduits en plusieurs langues. Fait remarquable, elle a pratiqué son art en pressant les touches d’un clavier à partir d’un crayon tenu dans sa bouche.
«C’est un beau modèle de courage; une vie héroïque», résume Claire Varin, fière que l’on reconnaisse l’immense contribution de son amie 20 ans après son départ.
Parmi les autres récompenses qui ont jalonné la carrière d’Anne-Marie Alonzo, le Grand prix d’excellence artistique de Laval pour son roman Galia qu’elle nommait amour paru en 1992; l’Ordre du Canada en 1996, la médaille de bronze de la société Arts Sciences Lettres de Paris en 1997 et la médaille civique de Ville de Laval la même année.
Bibliothèque
La Bibliothèque Anne-Marie-Alonzo, dont l’ouverture est prévue en 2027, enrichira le réseau municipal d’une collection physique estimée à 200 000 documents, en plus d’offrir une variété d’espaces communautaires, un auditorium, des lieux d’expérimentation, de médiation, de jeux et de création.
Cette bibliothèque centrale cohabitera avec le Centre de création artistique professionnelle Lysane-Gendron dans un bâtiment de quatre étages qui s’élève actuellement sur le terrain jouxtant la station de métro Montmorency au cœur du centre-ville.
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